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La salle parisienne de référence pour les ciné-concerts
En dix ans, le Balzac s’est imposé comme la salle parisienne de référence pour les ciné-concerts, programmant au fil des mois les grands films du répertoire muet, accompagnés en direct par des musiciens ou des formations de tous horizons.
Le Balzac possède la panoplie technique qui lui permet d’offrir aux musiciens d’excellentes conditions de travail, et aux spectateurs des spectacles de grande qualité (piano quart de queue, scène, projecteur numérique 2K, régie son et lumière, projecteur 35 mm avec variateur de vitesse…)
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Les grands classiques du cinéma muet russe en ciné-concert : ARSENAL |

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Lundi 18 Février à 20h30
ARSENAL d'Alexandre Dovjenko (1929)
Accompagnement musical : Karol Beffa (piano)
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1918, tandis que les soldats périssent sur le front ukrainien, la population est exsangue. La compagnie du soldat Timosh déserte et rentre à Kiev. Revenu dans sa ville natale, Timosh fédère autour de lui un peuple harassé qui voit dans le bolchevisme la seule issue possible aux malheurs qui l’accablent. Après la Révolution de février, le gouvernement central est aux mains de la bourgeoisie. Timosh exhorte les ouvriers de l’arsenal maritime à se lancer dans une grande grève. Le gouvernement russe décide de noyer cette fronde dans le sang…
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Dimanche 24 mars 2019 à 10h30
Deux classiques du cinéma burlesque mis en musique !
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Accueil petit-dej' offert par Bio C'Bon !
A partir de 5 ans.
Improvisation au piano sur deux classiques du cinéma burlesque : LA MAISON DÉMONTABLE de Buster Keaton et CHARLOT S'ÉVADE de Charlie Chaplin !
Tarif Enfant : 6 € / Tarif Adulte : 10 € / Tarif Club Balzac : 8 €.
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Les Grands classiques du cinéma muet russe en ciné-concert : LA GRÈVE |

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Mardi 2 avril à 20h30
LA GRÈVE de Serguei Eisenstein (1924)
Accompagnement musical : Vadim Sher (piano et orgue Farfisa) et Alvaro Bello Bonenhöfer (guitare électrique, synthé et percussion)
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Une usine de la Russie tsariste, en 1912. Les conditions, les cadences de travail y sont insupportables, les salaires misérables. La révolte gronde chez les ouvriers. Les patrons, les contremaîtres et leurs indicateurs, ainsi que la police s'emploient à en connaître les meneurs. Un ouvrier est accusé à tort d'avoir volé un outil couteux. Il se pend. Immédiatement, la grève est déclenchée, unanime...
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Les grands classiques du cinéma muet russe en ciné-concert : LA MAISON DE LA RUE TROUBNAïA |

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Lundi 27 mai à 20h30
LA MAISON DE LA RUE TROUBNAÏA de Boris Barnet (1928)
Accompagnement musical : Pierre-Michel Sivadier (piano) et Jean-Yves Roucan (percussion)
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Dans une maison bourgeoise, Golikov et son épouse engagent et exploitent sans retenue une femme de ménage, Paracha Pitouvona. Les rapports entre Paracha et le couple se modifient lorsque ceux-ci la croient élue au Conseil de la ville de Moscou...
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La Nuit du Muet... en musique ! |



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21 juin 2005
La Nuit du muet... en musique !
Toute une nuit (de folie) de cinéma et de musique
avec les musiciens de l'Orchestre du Balzac
Chefs-d’oeuvre du muet, musique à tous les étages, convivialité et gastronomie... Pour la première fois, la Fête de la Musique, c'est au Balzac que ça se passait !
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On en rêvait. Et comme on en rêvait, on l’a fait (ça se passe comme ça au Balzac). Une nuit de ciné-concerts et, tant qu’à faire, pendant la Fête de la Musique ! Ce faisant, nous avons d’ailleurs quelque peu relevé le niveau des festivités sur les Champs-Elysées où, à part beaucoup de monde et beaucoup de bruit, il ne se passait pas grand-chose d’intéressant en cette soirée du 21 juin.
Retour au Balzac et début de la nuit à 21 heures dans la grande salle, avec une centaine de spectateurs (pas si mal pour une première édition, compte tenu de la concurrence foisonnante ce soir-là dans Paris). Nous accueillons un invité de marque en la personne de Serge Bromberg. Il nous a fait l’amitié de venir présenter à sa manière enthousiasmante quelques joyaux du catalogue Lobster - un Laurel sans Hardy, des films de Gaston Velle ou Segundo de Chomon, un Charley Chase - en s’accompagnant lui-même au piano. Quelques attractions plus tard (une chanson interprétée par Fred Loméro, deux pièces de Schumann jouées par Paola Urbina, une jeune pianiste du CNR de Romainville, élève de Jérôme Granjon), c’est le plat de résistance : Les Mains d’Orlac, grand film expressionniste de Robert Wiene (1924) accompagné au piano par Jacques Cambra, principal artisan de cette nuit du muet. C’est Mireille Beaulieu qui se charge de lire les intertitres qu’elle a traduits.
A minuit, entracte. Tout le monde se retrouve dans le hall du Balzac pour échanger des impressions, boire un verre ou grignoter un bout de fromage. De nouveaux spectateurs arrivent, d’autres repartent pour dormir un peu avant une journée au bureau. C’est l’heure de Zorro, le film de Fred Niblo avec Douglas Fairbanks, accompagné cette fois par Mauro Coceano (piano et percussions), avec à nouveau Mireille Beaulieu pour les intertitres (très nombreux - merci Mireille !). Le film est précédé d’un morceau d’Albeniz joué par une autre élève de Jérôme Granjon, Anaïs Bergon.
Nouvel entracte, nouveaux spectateurs (les concerts ailleurs dans Paris commencent à se raréfier). Nous avons alors rendez-vous avec Leo McCarey et Charley Chase, dans un programme de quatre courts-métrages burlesques, accompagnés à la guitare par Fred Loméro et à la basse par Nicolas Karinsky.
Quatre heures du matin. Distribution de glaces à tout le monde avant le dernier film, précédé par « Il est cinq heures, Paris s’éveille » chanté par Fred Loméro. Puis le toujours charmant et rafraichissant Effet d’un rayon de soleil sur Paris par un beau dimanche, de Jean Gourguet (1928) est accompagné au piano par Jacques Cambra et à la batterie par Pascal Manganaro. A notre grand étonnement, il reste encore une cinquantaine de personnes dans le hall du Balzac quand nous nous séparons, pas forcément les mêmes qu’au début de la soirée, beaucoup de jeunes... Précisions pour finir que cette nuit, montée avec beaucoup d’enthousiasme et de bonne volonté, dans une économie de subsistance, n’aurait tout simplement pas pu avoir lieu sans le soutien de la Sacem, que nous remercions du fond du cœur.
Les Mains d’Orlac, de Robert Wiene (Allemagne, 1924)
Scénario de Ludwig Nerz, d'après la nouvelle éponyme de Maurice Renard
Avec Conrad Veidt, Fritz Kortner, Carmen Cartellieri, Alexandra Sorina
Le pianiste Orlac perd ses deux mains dans un accident de chemin de fer. Un chirurgien lui en greffe de nouvelles, prélevées sur un assassin qu'on vient d'exécuter. Mais Orlac constate que les mains sont toujours celles du criminel : quand il écrit, c'est l'écriture du mort qu'il a devant les yeux. Il ne peut plus jouer et se sent irrésistiblement attiré par le crime...
Grand film expressionniste et frissons garantis !
Accompagnement musical : Jacques Cambra (piano)
Traduction et lecture des intertitres : Mireille Beaulieu
Le Signe de Zorro, de Fred Niblo (Etats-Unis, 1920)
Avec Douglas Fairbanks, Marguerite de la Motte, Robert Kim, Noah Beery
Dans la Californie du Sud, encore sous domination espagnole, un homme masqué connu sous le nom de Zorro protège les pauvres, les opprimés et la minorité indienne. Alors que le cruel capitaine Ramon courtise la jeune Lolita, le notable Don Diego de la Vega tente de séduire la jeune fille.
La première adaptation au cinéma du héros de Johnston McCulley, permet de définir de nombreux codes visuels et narratifs, qui seront maintes fois repris dans les films de cape et d’épée. L'un des meilleurs rôles de Douglas Fairbanks.
Accompagnement musical : Mauro Cocceano (piano, percussions
Traduction et lecture des intertitres : Mireille Beaulieu
Charley Chase Follies, un programme de 4 courts-métrages burlesques avec le génial et méconnu Charley Chase, mis en scène par Leo Mac Carey (Etats-Unis, 1925-26)
A visage découvert (Mighty like a moose)
Métier de chien (Dog Shy)
Charley rate son mariage (His Wooden Wedding)
Une soirée de folie (What Price Goofy ?)
Accompagnement musical : Fred Lomero (guitare), Nicolas Karinsky (basse)
L’effet d’un rayon de soleil sur Paris par un beau dimanche, de Jean Gourguet (France, 1928)
Avec Georges Péclet, Mona Goya, Jean Villette, Valliery
Un dimanche ensoleillé de l'été 1928, tous les Parisiens ont décidé de prendre du bon temps. Une jeune femme, accompagnée d'un de ses soupirants, se rend en automobile sur les bords de la Marne.
Balade poétique et intrigues amoureuses dans un Paris ensoleillé et sur des bords de Marne méconnaissables.
Accompagnement musical : Jacques Cambra (piano), Pascal Manganaro (batterie)
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Le Bonheur, d'Alexandre Medvedkine |

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Dimanche 23 octobre 2005
Du tsarisme aux kolkhozes, l'histoire d'un moujik à la Charlot, à la recherche du bonheur...
Le film, l'un des derniers films muets tournés en Union Soviétique, était accompagné en ciné-concert. Musique originale de Mauro Coceano (commande Arte/Festival d’Anères), interprétée par Sophie Amiard (piano, clavier, objets sonores), Mauro Coceano (accordéon, guitare, percussions), Julien Gaben (alto, mandoline), Juan Soubidet (contrebasse), Aurélie Pichon (clarinette & clarinette basse).
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Le Bonheur (URSS, 1934)
Un film muet d'Alexandre Medvedkine
avec Piotr Zinoview, Elena Egorova et Lidia Nevacheva
Un paysan naïf à la recherche du bonheur finit par le trouver, après bien des vicissitudes, en rejoignant un kolkhoze.
Film muet mythique, au ton comique chaplinesque, "Le Bonheur" a été salué lors de sa sortie par les plus grands maîtres. Sergueï Mikhailovitch Eisenstein en parle avec un enthousiasme peu commun : " voilà donc, non seulement une oeuvre exceptionnelle, mais un auteur exceptionnel " - écrit-il en 1936.
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Juve contre Fantomas, de Louis Feuillade (1913) |

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Dimanche 30 avril 2006
Ciné-concert exceptionnel, dans le cadre des rendez-vous de l'Enfance de l'Art : "Juve contre Fantomas", deuxième volet des aventures de Fantomas réalisées par Louis Feuillade en 1913. Avec un accueil petit-déjeuner avant le film.
Accompagnement musical : Jacques Cambra (piano) / Aidje Tafial (batterie)
>>> En savoir +
Juve contre Fantomas, de Louis Feuillade
1913 - 1h - noir et blanc - muet
Avec René Navarre, Edmond Bréon, Georges Melchior
D'après le roman de Pierre Souvestre et Marcel Allain.
Dans ce second volet de l'adaptation par Louis Feuillade de quelques épisodes du fameux Fantomas, l'inspecteur Juve, désespéré d'avoir laissé échapper le célèbre criminel, décide de le poursuivre sans relâche avec l'aide de son ami journaliste Fandor. Déjouant magistralement tous les pièges, Fantomas n'hésite pas à utiliser les moyens les plus atroces pour éliminer ses poursuivants...
Tombé dans l'oubli avec l'arrivée du parlant, malgré les surréalistes qui professaient pour lui la plus vive admiration, Louis Feuillade a commencé à être réhabilité après la seconde guerre mondiale grâce à Henri Langlois, sauveteur de ses films dès 1936, lors de la fondation de la Cinémathèque Française, et à des cinéastes comme Georges Franju, Alain Resnais, François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Luis Bunuel. Cet épisode, riche en péripéties, illustre particulièrement la vitesse de narration propre au style de Feuillade.
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Les Rapaces, d'Erich von Stroheim (1925) |



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Dimanche 4 mars
L'un des plus grands films de l'histoire du muet, "Les Rapaces", d'Erich von Stroheim, est mis en musique par le collectif "Inouï" qui, depuis sa création en 1990, poursuit résolument son objectif : promouvoir les musiques nouvelles originales.
Un ciné-concert exceptionnel, présenté en soirée au Balzac, avec :
Guigou Chenevier : percussions batterie
Guillaume Saurel : Violoncelle
Nicolas Chatenoud : guitare basse
Fred Giuliani : samples
Emmanuel Gilot : création sonore
>>> En savoir +
Un projet de création musicale du collectif Inouï sur "Greed" (Les Rapaces), film muet d’Erich Von Stroheim (1925).
LE FILM
Scénario : d’après le roman “Mac Teague” de Frank Norris (1899)
Réalisation : Erich Von Stroheim
Producteur : Irving Thalberg
Gibson Gowlan : Mac Teague
Zazu Pits : Trina
Jean Hersholt : Marcus
Synopsis
Au début du siècle, le fruste et parfois violent Mac Teague (Gibson Gowland) qui travaille dans les mines d'or de Californie, part avec un dentiste charlatan pour apprendre le métier, poussé par sa mère. A San Francisco, une fois installé à son propre compte, il rencontre par l'intermédiaire de son ami Marcus (Jean Hersholt) la timide Trina (Zasu Pitts), petite amie de ce dernier. Il en tombe amoureux et Marcus s'efface. Mac Teague épouse Trina qui, peu de temps après, apprend qu'elle a gagné 5000 dollars grâce à un billet de loterie acheté du temps où elle était encore avec Marcus… Commence alors une vraie descente aux enfers… Obsédée par son argent dont elle refuse de dépenser le moindre cent, elle sombre dans l'avarice tandis que Marcus, jaloux, cherche à se venger et à récupérer l'argent qu'il estime être le sien… Trina (qui continue à cacher son magot) et Mac Teague tombent dans la misère et deviennent de vraies épaves…
Le drame est inévitable…
ERICH VON STROHEIM
La biographie d'Erich von Stroheim constitua longtemps un mystère, entretenu par lui-même. Il prétendait s'appeler Erich Oswald Hans Carl Marie Stroheim von Nordenwall, fils d'un colonel au 6ème régiment de Dragons et d'une dame de compagnie d'Elisabeth d'Autriche. En réalité, son père était un modeste fabricant de chapeaux de paille et de feutre, et sa mère une simple bourgeoise israélite. Aucun d'eux n'était d'ascendance noble. Seule, la date de naissance est exacte. C'est lors de son exil aux Etats-Unis, vers 1908, que Stroheim décida de se forger une "légende", maintenue vivace jusqu'à sa mort, survenue en sa propriété de Maurepas, en France, le 12 mai 1957.
En 1914, Stroheim s'introduit à Hollywood, alors en pleine expansion, d'abord comme cascadeur, puis figurant. Sa silhouette de "Boche" cruel, au crâne rasé, au port altier et au sourire méprisant, sera vite fameuse. On le baptisera "l'homme que vous aimeriez haïr". Mais en même temps, il découvre les prestiges de la mise en scène, auprès d'un maître : David Wark Griffith. Il travaillera également avec John Emerson, Allan Dwan et George Fitzmaurice. Son premier film en tant que réalisateur sera, en 1919, Blind Husbands. Jusqu'en 1928, il tournera des films de plus en plus coûteux, où s'exprimera librement son goût de la démesure psychologique, de la violence érotique et du baroque décoratif. Son chef-d'oeuvre sera, en 1923, Les Rapaces, qu'André Bazin a qualifié de "seul film d'imagination où le cinéma ait osé le réalisme intégral". Mais cette prodigalité et ces audaces lui vaudront bientôt d'être mis sur la "liste noire" par les producteurs, notamment le tout-puissant Irving Thalberg.
Après avoir été le prince prodigue du cinéma américain muet, Stroheim va devenir, au parlant,une sorte de spectre qui devra se résoudre à hanter les films des autres. Cette seconde carrière d'acteur ne sera d'ailleurs pas négligeable, surtout en France où on le verra beaucoup entre 1936 et 1939 puis au lendemain de la guerre. Un rôle au moins sera digne de son passé : celui du capitaine von Rauffenstein dans La grande illusion de Jean Renoir.
LA MUSIQUE
Le Collectif Inouï compose des musiques inclassables, hors des chapelles du jazz, de la musique contemporaine ou du fourre-tout des musiques actuelles. Leur création sur Les Rapaces d’Erich Von Stroheim amplifie la démesure du film et en souligne la modernité. Les 4 musiciens du Collectif Inouï s’autorisent toutes les libertés musicales pour servir « Les Rapaces » : rythmes acérés, mélodies à la Morricone, bruitismes réalistes ou décalés, séquences minimalistes…Leur partition revisite ce chef d’œuvre du cinéma muet qui donne à voir toute la noirceur de l’âme humaine.
LE COLLECTIF INOUI
Depuis sa création en août 1990, Inouï Productions poursuit résolument son objectif qui est de promouvoir les musiques nouvelles originales. Au cours de ces années, l’association a établi des liens sérieux avec de nombreux artistes créant ainsi un collectif transdisciplinaire où les formes artistiques se croisent et se décloisonnent.
Le Collectif Inouï entend développer et mutualiser les expériences de ce groupe d’artistes dans leur volonté commune d’essayer d’inventer un langage original…un langage inclassable, entre écritures contemporaines, recherche pure et improvisations.
Depuis 2001, dans le cadre de ses projets Musique et Cinéma, Inouï Productions présente 2 ciné-concerts : Nanouk L’esquimau sur le documentaire de R .J. Flaherty (1922) avec G. Chenevier. The Unknown sur le film de Tod Browning (1927) avec G Chenevier, G. Saurel et N. Chatenoud.
Ces créations musicales, bien plus qu’un simple fond musical, font de la musique un acteur à part entière de l’action qui déroule sur la toile…
LES MUSICIENS
Guigou Chenevier
Percussionniste multicarte et compositeur, il a joué dans le groupe de rock hors- normes Etron Fou Leloublan. Il est l’un des musiciens-compositeurs du groupe Volapük .Il a mené le chantier musical Les Figures. Il travaille régulièrement pour le théâtre : avec la Nième Compagnie, avec la compagnie Mises en Scène, et avec le comédien Christian Mazucchini, il crée L’Esprit Fumiste. Il a aussi été comédien-musicien dans la Compagnie de théâtre de rue Délices Dada. Il a créé le duo Body Parts avec Nick Didkovsky et Les Batteries avec Rick Brown. Avec Le Collectif Inouï, il compose et joue des musiques originales sur films muets The Unknown de Tod Browning (1927) depuis 2002 et depuis janvier 2006 Les Rapaces de Erich von Stroheim (1925). Il compose également en solo la musique sur le film Nanouk l’esquimau de R.J. Flaherty. En 2003/04, il a crée Musiques Minuscules, solo minimaliste d’appartement et Le Miroir et Le Marteau, télescopage entre musiciens amateurs et professionnels.En 2005, il crée Le Troupeau Aveugle un spectacle Musique/Lecture/Image sur l’œuvre de John Brunner (1972).Guigou Chenevier a enregistré une quarantaine d’album dont le dernier Pièces musicales avec vues regroupe les musiques des spectacles suivants : Distanze installation sonore sur les toiles du peintre Enrico Lombardi, Psychiatrie Déconniatrie de Christian Mazzuchini sur les textes de Serge Valletti et de François Tosquelles et de Cairn d’ Agnès Régolo d’après Enzo Cormann.
Guillaume Saurel
Violoncelliste de formation classique, mais dérivant volontiers, il a joué dans le spectacle de Maguy Marin Et qu’est-ce que ça me fait à moi ? Il crée le groupe Rien et a joué avec Michèle Bernard dans Des nuits noires de monde. Il participe à la création du groupe Volapük. Il joue dans Les rumeurs de la ville de Guigou Chenevier. Avec Volapük, il a composé la musique de Aujourd’hui Peut-Être de Maguy Marin. Il crée Pince Oreille (musique, bruitage pour dessins animés et jeux) pour Infogrames et Disney Interactive, réalise des bandes-son pour des sites internet. Il joue également dans Un peu plus de lumière de la Cie pyrotechnique Groupe F. Avec Le Collectif Inouï, il compose et joue des musiques originales sur films muets The Unknown de Tod Browning (1927) depuis 2002.Il joue dans Fatch mise en scène de Charlie Kassab, accompagne le chanteur Lionel Damei et compose et joue sur le spectacle de la Cie Mises en scène M'aimes-tu ? de Michèle Addala.
Nicolas Chatenoud
Après avoir fait ses premiers pas dans la musique progressive avec le collectif théâtro-musical Crésudi, il fonde le groupe de rock HdB, avec lequel il enregistre 2 CD. C’est au sein du groupe Les Figures, chantier musical mené par Guigou Chenevier, qu’il participe notamment aux Rencontres Urbaines de La Villette, au festival MIMI ou au festival Musique Action. Il fonde le collectif Multipass qui produit l’installation sonore et visuelle X-Pass. Il compose pour de nombreuses compagnies théâtrales. En solo, la musique du spectacle Monstres ! de la Cie Tératos Logos, et avec Guigou Chenevier, la création musicale des spectacles Ailleurs, Paroles de Pierres et Bleus de Travail de la Cie Mises en Scène. Il compose et participe en tant qu’acteurs aux lectures musicales de Mises en Scène comme Les Lettres d’Algérie et vient de jouer dans leur dernière création Cairn. Il travaille sur un duo avec Andrzej Karpinski, musicien performer polonais.
Fred Giuliani
Depuis 13 années, Fred Giuliani et ses échantillons sonores investissent la scène de la musique créative. Sa rencontre avec Fred Frith au sein d'Helter Skelter lui ouvre les portes de l'improvisation et de l'exploration sonore. Cet opéra-rock, interprété par Que D'la Gueule tournera en Europe durant deux ans et demi. Il fonde E'Pericoloso Sporgersi avec Didier Roth et Laurent Luci. Il participe à FDTC, groupe à géométrie(s) variable(s) en compagnie de nombreux musiciens. Guigou Chenevier le contacte pour le projet Les Figures. Le spectacle de Ray Lema et Dany Kouyaté, Zen Oyem, l'emmène au Burkina Faso en résidence de création. Il compose la musique de 3 films documentaires de Claude Bossion. Au théâtre, il a travaillé avec diverses compagnies comme Générik Vapeur, le Théâtre à Grande Vitesse, le Théâtre Provisoire, La Naïve. Fred Frith l'invite pour Landing, oeuvre contemporaine, commande du Festival Banlieues Bleues, ainsi que pour SEtaccio, spectacle de théâtre gestuel de François Chat commande du Théâtre du Châtelet. Il compose également une création sonore sur l’œuvre de C. Debussy La Boite à Joujou mis en scène par François Chat jouée au Théâtre musical du Châtelet. Il joue dans les dernières créations théâtrales de Charlie Kassab.
Emmanuel Gilot
Après avoir suivi les tournées françaises et européennes de nombreuses formations musicales : Mama Béa, Alain Bashung, l’Art Ensemble of Chicago, Daniel Humair, Que d’la Gueule, Fred Frith … Il a participé à plusieurs créations son pour du théâtre et de la danse : Royal De Luxe, Helter Skelter, Aujourd’hui Peut-Être, l’Esprit Fumiste... Il anime des formations Technique et Son (Arcade, ADDM 84, Adiam 83, CNPT...) Il travaille sur les créations et tournées des différents projets artistiques du Collectif Inouï … Depuis de nombreuses années, il assume la régie son des festivals MIMI (13) dont Miminor en Russie en 2002 et enfin Gare Aux Oreilles (84) (5ème édition en 2006)... .
Mentions obligatoires :
Ce projet est réalisé en partenariat avec Les Grands Films Classiques, le collectif MultiPass et le cinéma Utopia Avignon et coproduit par
Le Théâtre du Cratère- scène nationale d’Alès (30)
Le Théâtre Les Salins- scène nationale de Martigues (13)
Ce projet est soutenu par La Région Paca, la DRAC Paca et la Spedidam.
Photos : Delphine Michelangeli
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Les trois âges, de Buster Keaton |


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Dimanche 25 mars
Voir ou revoir les grands burlesques de Buster Keaton
et les premiers courts métrages de Chaplin (période Keystone) accompagnés en direct par les élèves de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel au CNSMDP.
Le programme du 25 mars était accompagné au piano par Michaël Ertzscheid : "Les trois âges" de Buster Keaton était précédé d'un court métrage de Charles Chaplin "Caught in the rain" (1914).
>>> En savoir +
Les trois âges, de Buster Keaton
LES TROIS AGES
Réalisation : Buster Keaton et Edward F. Cline
Avec Buster Keaton, Wallace Beery, Margaret Leahy, Oliver Hardy
1923, 60’, noir et blanc
Résumé
A trois époques différentes, l'âge de pierre, la Rome antique, et l'Amérique contemporaine, un jeune homme se heurte aux difficultés de l'amour lorsque la belle famille lui préfère un rival plus fort ou plus riche...
Ce premier long métrage de Buster Keaton est un festival d'idées dans lequel, au sommet de sa forme physique, il défie une fois de plus les lois de la pesanteur et de l'amour. On le retrouve tour à tour vêtu de peaux de bêtes et bravant la tempête, portant péplum et toge dans une Rome antique et en toc, puis arborant frac et col cassé au jour de son mariage dans l'Amérique moderne des années 1920. Chef-d'œuvre du cinéma comique, le film jongle avec l'espace et le temps pour le plaisir absolu du spectateur.
Le point de vue de Jean Tulard
(Guide des films, Robert Laffont)
« L’amour est l’axe immuable autour duquel tourne le monde », affirme le préambule. Trois exemples, empruntés à l’âge de la pierre, à l’époque romaine et à l’Amérique de 1920, vont le mettre en évidence en montrant comment un jeune homme parvient à faire la conquête de sa bien-aimée, malgré un redoutable rival.
Désopilante parodie d’Intolérance de Griffith. Des gags irrésistibles, notamment dans la course de chars et un hymne à la débrouillardise.
Le point de vue de Jacques Lourcelles
(Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont)
L’amour à travers les âges est éternellement identique à lui-même. Il y a les aventuriers, les conquérants prêts à tout pour l’emporter, comme Wallace, et les rêveurs, tel Buster. A l’âge de pierre, Wallace et Buster convoitent la même femme. Wallace, le plus fort physiquement, est préféré à Buster par les parents de la jeune fille. A l’époque de la Rome antique, Wallace est encore le préféré des parents car il a un grade élevé dans l’armée. A l’époque moderne, Wallace l’emporte toujours sur son rival en montrant aux parents son carnet de chèques de la First National Bank. Buster, lui, n’a qu’un chéquier de la Last National. Age de pierre : Buster veut susciter la jalousie de sa belle en courtisant une autre femme. Mais celle-ci est une géante qui le pousse à l’eau. Rome : Buster, toujours malchanceux, reçoit un vase sur la tête, tombé du balcon, de sa dulcinée. Epoque moderne : dans un bar, Buster a bu de l’alcool mélangé à son eau par un bootlegger qui voulait se débarrasser de cette marchandise prohibée et compromettante. Buster, ivre, s’endort. Un client du bar croit à tort que c’est lui qui a envoyé à sa femme un billet doux et se met à le boxer. Age de pierre : un duel à la massue oppose les deux soupirants. Buster ne peut triompher que par la ruse. Il met une pierre dans sa massue et l’emporte ainsi sur son adversaire. En guise de punition, il est traîné derrière un éléphant. Rome : une course de chars départagera les deux rivaux. Comme il neige, Buster Buster prend part à la course sur un char tiré par des chiens de traîneau (il a un animal de rechange dans sa malle arrière). Il excite les chiens à courir en accrochant à une perche qu’il tend devant eux un petit chat que son adversaire déloyal avait jeté dans leurs pattes. Buster gagne. Son ennemi le fait tomber dans une fosse où se trouve un lion. Epoque moderne : match de football américain. Buster, par son agilité, triomphe de son adversaire en le faisant écraser par un groupe de joueurs. A la sortie du stade, Wallace glisse une fiasque d’alcool dans la poche de Buster qui est arrêté (prohibition oblige). Age de pierre : Buster enlève sa dulcinée qu’il charge sur son épaule. Il catapulte des pierres sur ses poursuivants et au cours de la lutte se catapulte lui-même auprès de sa bien-aimée. Il la traîne ensuite par les cheveux : elle est ravie. Rome : il devient l’ami du lion de la fosse en lui faisant les ongles comme une manucure. Il sort de la fosse et se débarrasse de son rival en faisant s’écrouler sur lui les colonnes de la maison. Epoque moderne : il s’échappe du commissariat et enlève la fiancée de Wallace à l’église même où ce dernier allait l’épouser. A l’âge de pierre puis à Rome, les deux époux ont une nombreuse progéniture. A l’époque moderne, ils vivent en compagnie d’un petit chien.
Premier long métrage réalisé par Keaton. C’est une œuvre extrêmement riche qui combine l’invention burlesque pure (gags ponctuels, poursuites, anachronismes), la parodie cinématographique et des éléments de satire sociale. Empruntant à Intolérance sa structure pour la caricaturer, le film se promène à travers les époques et les entremêle. L’intrigue présente cinq fois la même série chronologique (âge de pierre, Rome antique, époque moderne) et ne se contente pas d’un unique va-et-vient entre l’époque d’Adam et Eve et le 20e siècle comme dans Fig Leaves de Hawks (1926). Outre Intolérance, Les trois âges parodie le genre du péplum dans son ensemble. Les pointes de satire sociale concernent surtout l’époque moderne : toute puissance de l’argent, disparition de la famille. Pour son premier grand film, Keaton s’en donne à cœur joie dans les travestissements burlesques, lesquels par leur cocasserie baroque contrastent violemment avec l’impassibilité légendaire du héros. Tout rêveur qu’il soit, celui-ci utilise son ingéniosité et ses étonnantes facultés d’adaptation pour triompher d’un adversaire plus costaud ou plus riche que lui. Aux trois époques, il gagne finalement le cœur de sa belle. La scène où Buster se promène sur son dinosaure comporte un des plus anciens trucages connus, mêlant dessin animé et action réelle.
Le cinéma burlesque : grandeur et déclin
(Philippe Leclercq, SCEREN – CNDP, 2006)
Les années 1920 correspondent à la fois à l’apogée du burlesque et à la fin d’une période pionnière du cinéma américain. « Si les années 1920 furent l’âge d’or du cinéma muet, le cinéma muet fut l’âge d’or des comiques » nous dit Jean-Loup Bourget (in Le Cinéma américain 1895-1980, PUF, 1983).
Peu après le film dramatique, c’est au tour du cinéma burlesque de conquérir ses lettres de noblesse auprès des grandes compagnies en passant du court au long-métrage. Des Trois Âges (1923) à Cadet d’eau douce (1928) en passant par Les Lois de l’hospitalité (1923), La Croisière du navigateur (1924) ou Le Mécano de la « General » (1926), c’est durant cette décennie que Buster Keaton réalise ses films les plus fameux (exception faite du Cameraman conçu en 1929 sous contrôle de la MGM).
C’est encore au cours de cette période que Charles Chaplin s’offre, avec son premier long-métrage – La Ruée vers l’or (1925) –, une image liminaire grandiose où l’on peut voir une immense colonne de chercheurs d’or (au Klondyke) traversant le célèbre Chilkoot Pass.
Que dire également d’un long-métrage burlesque comme Les Trois Âges qui parodie sans complexe le film le plus cher encore jamais réalisé : Intolérance de David Wark Griffith ? Quant à la mise en scène du Mécano de la « General » (espace, figurants, matériel, etc.), elle est tout simplement digne des superproductions les plus ambitieuses.
Plus modeste et moins onéreux, La Croisière du navigateur entraîne malgré tout des frais conséquents.
Les recettes escomptées par les producteurs justifient des dépenses importantes qui étaient jusque-là réservées à des œuvres dramatiques tant les effets esthétiques semblaient superflus, voire incompatibles avec le rire.
Dès lors, les acteurs du burlesque comme Buster Keaton, Harold Lloyd et surtout Charles Chaplin deviennent des vedettes incontestées. Les longs métrages de Keaton coûtaient « de 200 000 à 220 000 dollars, soit 20 à 30 % de plus qu’un film dramatique de production courante. Ils rapportaient entre 1 500 000 et 2 000 000 de dollars, à peu près autant que les films de Harold Lloyd, mais beaucoup moins que ceux de Chaplin, dont les recettes montaient sans peine jusqu’à 3 000 000 de dollars » (in Buster Keaton de Michel Denis, Éditions Anthologie du cinéma, 1970).
Fondée en 1919 par Charles Chaplin, Mary Pickford, Douglas Fairbanks et David W. Griffith – trois stars mondiales aux côtés de l’instigateur du grand spectacle hollywoodien –, Les Artistes Associés (United Artists Corporation), société de production qui distribuera trois films de Keaton entre 1926 et 1928, garantit leur indépendance et leur liberté face aux menaces de regroupements des grands studios. Hélas, fusions et transformations engendrent dès 1925 la rationalisation de la production et l’hégémonie des studios qui, en peu de temps, et bien plus que l’avènement du cinéma parlant, mettent fin à l’esprit du burlesque.
C’est en 1928 que Keaton commet ce qu’il appellera plus tard « la plus grande erreur de [s]a vie ». Sur les conseils de son producteur Joseph Schenk et malgré les avertissements de Chaplin et Lloyd, Keaton renonce à ses propres studios et signe le contrat qui le met sous l’autorité de la MGM. C’est à partir de cette date qu’il commence à être « dévoré » par la société au lion rugissant... En effet, plus question de travailler dans l’improvisation selon les méthodes héritées de Mack Sennett. L’heure des commandes, des contraintes de mise en scène et des œuvres impersonnelles a sonné. Avec elle, le glas du burlesque.
BUSTER KEATON
Joseph Franck « Buster » Keaton naît le 4 octobre 1895 dans l’état du Kansas aux Etats-Unis. C’est le fils aîné de Joseph et Myra Keaton, eux-mêmes artistes de music-hall.
Les débuts sur scène
Les spectacles de music-hall étaient composés de numéros assez courts (comparables dans leur durée à un court-métrage), numéros qui s’enchaînaient très rapidement et qui étaient basés sur un montage très précis, réglé à la seconde et au millimètre. Les artistes se produisaient souvent avec un numéro unique, qu’ils présentaient de ville en ville, profitant ainsi de la répétition pour atteindre une quasi perfection dans la pratique de leur art.
A l’âge d’environ six mois, le jeune Joseph Keaton fait une chute malencontreuse et se voit surnommer « Buster » (gros malin) par Harry Houdini, magicien qui deviendra célébrissime et qui est alors le partenaire de Keaton senior.
Très tôt attiré par les lumières de la scène, Buster se retrouve propulsé au rang de vedette à l’âge de cinq ans, dans le numéro qu’il partage avec son père et sa mère et qui est intitulé : « Les 3 Keaton ».
Il va ainsi pendant de nombreuses années apprendre le métier de comédien auprès de ses parents dans un numéro qui s’intitulera successivement « Les 4 Keaton » (à la naissance de son frère Harry), et enfin « Les 5 Keaton », à l’arrivée de sa sœur Louise.
C’est au cours de ces spectacles que le jeune Buster s’aperçoit que les rires du public sont beaucoup plus forts quand lui-même garde un visage de marbre, malgré les situations amusantes (et assez musclées) que subit son personnage dans un numéro dont l’intensité lui vaut le surnom de « serpillière humaine ».
Il intensifie ce trait pour le rendre indissociable du personnage qu’il va bâtir au cinéma en tournant quelque cinquante films, (rien que pour sa période muette, qui s’étend de 1917 à 1930).
Les débuts au cinéma
En 1917, le numéro des Keaton comme celui de nombreux artistes de music-hall est violemment concurrencé par le cinéma. Né en 1895, celui-ci atteint rapidement une portée universelle grâce aux procédés de reproduction mécanique, produisant à grande échelle films et vedettes. Ainsi, au cours de la même soirée, un acteur de cinéma peut être simultanément présent à Paris, Londres, Berlin, ou New-York, sans parler des nombreuses villes de province du monde entier. C’est grâce au cinématographe que des acteurs burlesques américains comme Charles Chaplin, Harold Lloyd, Harry Langdon ou Laurel & Hardy atteignirent une gloire universelle.
Si Joseph Keaton se refuse à « montrer les 3 Keaton sur un drap de lit à 10 cents le fauteuil », Buster quant à lui se laisse séduire par cette nouvelle manière de travailler et participe en 1917 à son premier film de court métrage, intitulé : Fatty, garçon boucher, où son rôle consiste à « recevoir un sac de farine en pleine poire ».
Cette rencontre avec Roscoe Fatty Arbuckle va être déterminante pour la carrière cinématographique de Keaton ; il va jouer dans une douzaine de courts métrages avec Fatty, avant de réaliser en 1920 son premier film en solo : Malec, Champion de tir.
Keaton réalise et joue dans une vingtaine de courts métrages où il développe un personnage pince-sans-rire, résolument moderne dans sa relation avec les objets contemporains (téléphone, maisons démontables, trains, caméras…) qui deviennent sous son traitement aussi vrais que de véritables personnages.
Il va non seulement exploiter les ressorts comiques qu’il a longuement peaufinés dans sa pratique du music-hall, mais également utiliser le langage cinématographique en virtuose, réussissant le tour de force d’être drôle dans les pires situations, tout en produisant des images de toute beauté.
Entre 1923 et 1930, les longs métrages permettent à Buster Keaton d’approfondir son art et de se hisser au niveau des plus grands.
Parmi ses films les plus célèbres, on citera Le Mécano de la générale (The General, 1926), La Croisière du Navigator (The Navigator, 1924), Les 3 ages, qui est une parodie d’Intolérance de Griffith, Steamboat Bill Junior (1928) et Le Caméraman, premier film qu’il tourne pour la MGM en 1929.
« Le plus grand comique est quand même d’essence dramatique. Tout ce qui lui arrivait était dramatique, mais il était tellement léger qu’au lieu de faire pleurer, il faisait rire ; c’est aussi simple que ça. » (Raymond Devos)
« La beauté de son visage exprime magnifiquement tous les sentiments : son corps tout entier suggère. Les dons acrobatiques apportent une stylisation au mouvement et la grâce est en harmonie avec le comique. La distinction n’est pas feinte, la vulgarité absente. » (Pierre Etaix)
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Le Cabinet du Docteur Caligari, de Robert Wiene (1920) |


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Dimanche 13 mai, 20h30
Dans une fête foraine, vers 1830, le Docteur Caligari exhibe Cesare, un somnambule. Celui-ci prédit à un étudiant, Alan, qu’il vivra jusqu’à l’aube. Il est en effet assassiné dans son lit...
Avec Conrad Veidt (Cesare), Werner Krauss (docteur Caligari), Lil Dagover (Jane), Friedrich Feher (Francis)...
Accompagnement musical en direct : Aidje Tafial (batterie) et Vinnie Peirani (accordéon et clarinette).
Architecte de formation, le batteur Aidje Tafial se produit régulièrement en ciné-concert et au sein de formations très variées (Les Yeux Noirs, Quinte & Sens, etc.)
Premier prix d'accordéon classique au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1996, Vincent Peirani s'est ensuite orienté vers le jazz et joue dans des groupes aux identités musicales très différentes.
>>> En savoir +
Deux hommes sont assis sur le banc d'un parc, à la tombée du jour. Le plus jeune, Francis, raconte à l'autre son histoire.
Cela a commencé dans l'ambiance bigarrée de la foire d'Holstenwall. Parmi les attractions, un docteur aux allures inquiétantes, Caligari, exhibant dans sa roulotte un somnambule diseur de bonne aventure, Cesare. Leur venue coïncide avec des morts mystérieuses. Alan, un ami de Franz, est l'une des premières victimes, puis c'est au tour de Jane, une jeune femme dont Franz est épris. Elle est enlevée en pleine nuit et sauvée par miracle.
Le coupable n'est autre que Cesare, mais le diabolique docteur parvient à détourner les soupçons. Un soir, Franz suit le docteur à travers les rues tortueuses de la ville, jusqu'à un asile d'aliénés où il a ses entrées. Un grimoire révèle qu'en l'an 1703 un criminel du nom de Caligari se produisait déjà dans les foires avec pour complice un faux somnambule. On enferme le docteur qui se prenait pour cet ancêtre.
L'histoire est-elle terminée? Non, car Franz est en vérité, lui-même un malade, ainsi que Jane et Cesare. Le directeur du véritable asile ressemble lui aussi à Caligari. Franz est-il fou? Ou le sont-ils tous?
Fiche technique
Acteurs : Conrad Veidt (Cesare), Werner Krauss (docteur Caligari), Lil Dagover (Jane), Friedrich Feher (Francis)
Scénaristes : Hans Janowitz, Carl Mayer
Compositeur : Giuseppe Becce
Producteurs : Rudolf Meinert, Erich Pommer
Pour Jacques Lourcelles : "Récit de la divagation d'un fou située dans un espace intérieur, intime, obsessionnel impliquant la disparition de toute distance réaliste entre les objets ainsi que la disparition de toute image réaliste de la nature dont les éléments (arbres, routes, etc…) sont représentés par des décors fabriqués de toutes pièces comme sur une scène de théâtre. L'espace du film devient alors cauchemardesque et morbide, non seulement parce que nous sommes à l'intérieur du cerveau d'un fou, mais aussi parce qu'il a été entièrement façonné par l'esprit et la main de l'homme. Le scénario recèle deux surprises de taille : la découverte, à l'intérieur du récit du fou que Caligari est non seulement bateleur, assassin mais aussi psychiatre et son pendant, la découverte, après la fin du récit du fou, que Caligari est le psychiatre personnellement attaché à soigner le narrateur.
La totale cohérence de ce cauchemar ouvre aussi d'étonnants horizons sur la folie du narrateur et sur la folie en général. Elle est pour une part - la part qui s'exprime sur le plan plastique dans le film - déformatrice, délirante, hallucinée. Elle est pour une autre part - celle qui s'exprime sur le plan dramatique - hyper-logique, convaincante et fascinante.
C'est la collusion à l'intérieur du film entre une vision plastique cauchemardesque et fantasmatique de la folie et une appréhension dramatique parfaitement et implacablement architecturée de cette folie qui fait le mérite de Caligari.
L'interprétation n'est pas le point fort du film. Elle préserve cependant la subtilité de chaque rôle. Le narrateur fou est naturellement le personnage le plus normal, le plus banal. C'est ainsi qu'il se voit. Caligari a au moins deux apparences et deux identités (bateleur, psychiatre). Aux dernières secondes le récit lui en rajoute uen troisième, la plus surprenante de toutes. Cesare a lui aussi plusieurs identités et plusieurs rôles. C'est, à l'intérieur du récit, un assassin et une victime (puisqu'il agit malgré lui). C'est, postérieurement au récit du fou, un malade, et peut-être encore une victime.
Car, bien que la narration soit dominée par le "je" du fou et donc non objective, son contenu impressionne le spectateur jusqu'à devenir à ses yeux, raisonnable. Le dénouement survient si tard et est si bref qu'il ajoute à notre perplexité au lieu de dissiper nos doutes, et cela d'autant plus que les derniers plans du film (ceux qui sont postérieurs au récit du fou) sont encore stylistiquement expressionnistes. Le fou (la folie) a peut-être raison. C'est là l'ultime message d'un film dont l'inquiétude et le doute constituent la substance principale.
Œuvre moderne, surprenante, percutante et quasi inattaquable, Le cabinet du Dr Caligari est une création collective. Il y eut à l'origine un scénario de Carl Meyer et Hans Janowitz basé sur un fait divers et destiné à critiquer, à travers la figure du psychiatre-hyptnotiseur-bateleur-assassin par procuration, les excès de l'autoritarisme dans tous les domaines, administratif (le secrétaire), social politique aussi bien que psychiatriques.
Le producteur Erich Pommer - ou son représentant le réalisateur Rudolf Meinert - confia l'aspect plastique du film aux trois décorateurs Hermann Warm, Walter Reimann, Walter Rohrig. Parmi eux Warm eut un rôle prépondérant. Celui-ci estimait que l'image cinématographique devait être une sorte d'idéogramme et s'opposait à toute solution de continuité entre le caractère graphique de l'image et celui des intertitres. L'emploi systématique du studio, des toiles peintes, les déformations les plus audacieuses du décor, tous procédés où le producteur trouva, en ce qui le concerne, une source non négligeable d'économie, visent à couper le film du réel immédiat. Le film cesse d'être un miroir de la réalité sensible pour ne plus entretenir avec elle qu'un rapport conceptuel et intellectuel.
La mise en scène du film fut alors proposée à Fritz Lang qui la refusa mais intervint de manière capitale dans son élaboration. Il proposa de justifier l'irréalisme des décors en faisant du narrateur du récit l'un des pensionnaires de l'hôpital de Caligari. Quand Robert Wiene fur chargé de la réalisation, le film possédait ainsi déjà une cohérence parfaite."
Source : Jacques Lourcelles, Dictionnaire des films
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La Volonté du mort, de Paul Leni (1927) |




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Dimanche 17 juin, 21h
Avec Laura La Plante, Creighton Hale...
Dans un château hanté, le notaire Crosby a convoqué les héritiers potentiels de Cyrus West, un milliardaire solitaire et grincheux décédé vingt ans auparavant. Rongés par une attente exacerbée, les proches du défunt apprennent que la jeune Annabelle est la seule héritière de toute la fortune...
Sorte de macabre chasse au trésor en huis clos, La volonté du mort est l’un des films d’épouvante les plus réussis des débuts du cinéma. Sur un scénario où chaque énigme en appelle une autre, Paul Leni a construit une dramaturgie de l’ombre et de la lumière. Mais le film est également plein d’humour : archétype des films de maison hantée, il enchaîne à un rythme effréné tous les clichés d’un genre pourtant encore très neuf au cinéma, dans une sorte de parodie de tous les films à venir.
Accompagnement musical : une formation de 13 musiciens sous la direction de Mauro Coceano
Musique originale composée et dirigée par Mauro Coceano
Piano : Mauro Coceano - Chant, piano : Claire Lavandier - Flûte, piano : Hiroko Sugiura - Flûte, saxophone : Agnès Denamur - Violon : Meg Morley, Sylvie Hébrard, István Ribardière - Alto : Jérôme Eskenazi - Violoncelle : Pat Griffiths et Jean-Sébastien Oudin - Contrebasse : Marine Tan-Si - Clarinette et clarinette basse : Aurélie Pichon - Saxophone baryton et soprano : Bastien Feres.
Les répétitions ont été menées dans le cadre d’un stage organisé par l’Espace 1789 à Saint-Ouen et le Festival d’Anères.
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8, 9, 10 et 12 juillet à 20h30
Dans le cadre de la 5e édition du Festival Paris Cinéma (3-14 juillet), le Balzac a proposé une rétrospective Ernst Lubitsch. Au programme : 4 séances en ciné-concert.
- Dimanche 8 juillet, 20h30
Quand j’étais mort… (Als ich tot war) (1916, All, 37min) + Les Filles de Kohlhiesel (Kohlhiesels Töchter) (1920, All, 61min)
Présentation : Serge Bromberg
Accompagnement musical : pour le 1er film, Serge Bromberg (piano) et, pour le second, Roch Havet (piano) et Booster (guitare, machines)
Lecture des intertitres : Nicolas Carpentier (Talents Cannes 2007 de l'ADAMI)
- Lundi 9 juillet, 20h30
La Chatte des montagnes (Die Bergkatze) (1921, All, 85min)
Présentation : N.T. Binh
Accompagnement : Aidje Tafial (batterie)
Lecture des intertitres : Nicolas Carpentier (Talents Cannes 2007 de l'ADAMI)
- Mardi 10, 20h30
Je ne voudrais pas être un homme (Ich Möchte kein Mann sein) (1918, All, 45min) + La Poupée (Die Puppe) (1919, All, 57min)
Présentation : Matthias Steinle
Accompagnement : Jacques Cambra (piano), Wilfrid Arexis (trombone), Kevin Arexis (sax alto et soprano)
Lecture des intertitres : Sabrina Seyvecou (Talents Cannes 2007 de l'ADAMI)
- Jeudi 12 juillet, 20h30
La Princesse aux huîtres (Die AusternPrinzessin) (1919, All, 63min)
Présentation : Jean-Loup Bourget
Accompagnement : Jean-François Zygel (piano)
Lecture des intertitres : Samuel Theis (Talents Cannes 2007 de l'ADAMI)
>>> En savoir +
LA "BERLIN TOUCH" D'ERNST LUBITSCH
Si Ernst Lubitsch reste dans les mémoires comme le maître de la comédie américaine classique, c’est pourtant de l’autre côté de l’Atlantique, dans la vieille Europe, que se situent ses débuts au cinéma. Ses premiers films, tournés en Allemagne, sont des œuvres méconnues et hilarantes, parmi les plus inventives de la période du cinéma muet. Avec une liberté de ton et une inventivité formelle débridée, il passe au crible toutes les conventions sociales, ridiculisant l’institution du mariage, la famille, l’armée, se jouant des identités sexuelles et déclinant toutes les formes de méprises qui en découlent. Paris Cinéma vous invite à découvrir la « Berlin Touch » d’Ernst Lubitsch : un humour transgressif, excessif, qui flirte avec l’absurde, se plaît à inverser les valeurs, intervertir les identités, et qui contient déjà tout les éléments qui feront de la « Berlin Touch » la fameuse « Lubitsch Touch »
LES FILMS PROGRAMMES
Quand j’étais mort (Als ich tot war)
1916 / Allemagne
Ernst, jeune marié passionné d’échec, n’hésite pas à braver les objections de sa femme et de sa belle-mère pour aller au club. Un soir, il trouve la porte close et une lettre lui ordonnant de quitter l’appartement. Bien décidé à profiter de la vie, il se fait passer pour mort. Apprenant par une annonce que sa femme recherche un domestique et fatigué de sa vie de débauche, il se présente chez lui déguisé en valet.
Quand j’étais mort est le plus ancien film du réalisateur retrouvé à ce jour. Petit bijou de la comédie burlesque, il est un des rares témoignages que l’on ait de la carrière d’acteur de Lubitsch. Dans cette farce, Ernst Lubitsch s’éloigne du rôle du juif débrouillard qu’il interprète à ses débuts. Sous son déguisement grotesque et sa perruque, il s’en donne à cœur joie, adressant de nombreux clins d’œil au spectateur, complice de son travestissement.
33 min / 35 mm / noir et blanc / muet / copie restaurée
intertitres allemands sous-titrés français / accompagnement musical
scénario Ernst Lubitsch
production Projektions-AG Union
interprétation Ernst Lubitsch, Louise Schenrich, Lanchen Voss
distribution Lobster Films
Accompagnement en direct : Serge Bromberg (piano)
Les Filles de Kohlhiesel (Kohlhiesels Töchter)
1920 / Allemagne
Patron d’une petite taverne en montagne, le brave Kohlhiesel a deux filles que tout oppose: Gretel, adorable créature, est aussi douce et coquette que sa sœur Liesl est revêche et souillon. Alors que la première attire tous les hommes, la seconde les fait fuir. Cependant, leur père n’accepte de donner la main de Gretel qu’à la condition que le prétendant trouve un mari pour sa sœur mal-aimée.
Dans cette transposition en Bavière de La Mégère apprivoisée, Lubitsch réalise une comédie insolite dans laquelle se côtoient allégrement la satire de mœurs provinciales, la farce grotesque et la grivoiserie. Abordant avec humour le thème du divorce, elle annonce les comédies américaines classiques dites du remariage. Le réalisateur offre ici à Henny Porten les deux rôles principaux féminins que tout oppose, défi que l’actrice relève avec brio.
1h04 / 35 mm / noir et blanc / muet
intertitres allemands lus en français / accompagnement musical
scénario Hanns Kräly, Ernst Lubitsch d’après La Mégère apprivoisée de William Shakespeare
production Messter-Film GmbH
image Theodor Sparkuhl
décors Jack Winter
costumes Jan Baluschek
interprétation Henny Porten, Emil Jannings Gustav von Wangenheim, Jacob Tiedtke, Willi Prager
ayant droit Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
distribution Transit Films
Accompagnement en direct : Roch Havet duo (piano, machines)
La Chatte des montagnes (Die Bergkatze)
1921 / Allemagne
Le jeune lieutenant Alexis se rend à la forteresse de Tossenstein, son nouveau lieu d’affectation. En chemin, il rencontre la belle Rikscha, « la Chatte des montagnes » au tempérament de feu (Pola Negri). Il en tombe immédiatement amoureux et en gage de fidélité, lui donne son pantalon d’uniforme. Arrivé à la forteresse, son commandant lui confie la direction d’une expédition punitive contre Claudius, le chef des brigands, qui n’est autre que le père de Rikscha. En récompense, il lui offre la main de sa fille, Lilli…
Comme toujours chez Lubitsch, l’amour n’est jamais simple ! Le triangle amoureux ici représenté en est la forme élémentaire. Le réalisateur pimente le scénario de son film, d’une satire de l’armée et du donjuanisme à travers un personnage de lieutenant coureur de jupons. Les costumes incroyables, les décors intérieurs très stylisés, contrastant avec les plans extérieurs de montagnes enneigées, en font une œuvre incroyablement riche et soignée. Ce film était l’un des préférés de son réalisateur.
1h25 / 35 mm / noir et blanc / muet / copie restaurée
intertitres allemands lus en français / accompagnement musical
scénario Hanns Kräly, Ernst Lubitsch
production Projektions-AG Union
image Theodor Sparkuhl
décors Ernst Stern
interprétation Pola Negri, Paul Heidemann, Wilhelm Diegelmann, Victor Janson, Marga Köhler, Edith Meller
ayant droit Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
distribution Transit Films
Accompagnement en direct : Aidje Tafial (batterie)
Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein)
1918 / Allemagne
La jeune et turbulente Ossi supporte mal les préceptes rigides que lui impose sa tante et l’autorité de son oncle. Profitant du départ de ce dernier pour affaires, elle se déguise en homme pour profiter d’une liberté qui lui est inconnue et ce, malgré la présence du Dr Kersten, chargé de la surveiller pendant l’absence de son oncle. Elle se rend à un bal nocturne, lieu de tous les vices…
Le travestissement entraîne l’héroïne dans des mésaventures qui lui font découvrir, à son grand étonnement, qu’il n’est pas plus facile d’être un homme ! À travers ce personnage burlesque, Ernst Lubitsch propose une comédie « féministe » jubilatoire sur le travestissement, qui interroge les conventions sociales, et dans laquelle la comédienne Ossi Oswalda déploie toutes les facettes de son talent comique.
45 min / 35 mm / noir et blanc / muet
intertitres allemands lus en français / accompagnement musical
scénario Hanns Kräly, Ernst Lubitsch
production Projektions-AG Union
image Theodor Sparkuhl
décors Kurt Richter
interprétation Ossi Oswalda, Ferry Sikla, Kurt Götz, Margarete Kupfer, Victor Janson
ayant droit Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
distribution Transit Films
Accompagnement en direct : Jacques Cambra (piano), Wilfrid Arexis (trombone), Kevin Arexis (sax alto et soprano)
La Poupée (Die Puppe)
1919 / Allemagne
Sommé de se marier par son oncle, le Baron de Chanterelle, le timide Lancelot se voit soudain la cible de nombreuses prétendantes. Terrorisé, il se réfugie dans un monastère. Cependant, les moines qui l’accueillent verraient d’un très bon œil ce mariage, dont la dot leur assurerait un avenir meilleur. Ils parviennent à convaincre alors le jeune homme d’obéir à son oncle et organisent un mariage factice avec… une poupée.
Six ans avant Fiancée en folie de Buster Keaton, Ernst Lubitsch brosse le portait d’un jeune homme poussé au mariage contre sa volonté. Lancelot, véritable caricature du timide, préfère épouser une poupée plutôt que de se confronter à une vraie femme. Interprétant, pour la deuxième fois sous la caméra de Lubitsch, le rôle de la fille de Victor Janson, Ossi Oswalda déploie son talent en alliant le jeu mécanique de la poupée et l’humanité de la jeune fille. Une comédie féerique, nimbée d’une atmosphère expressionniste.
1h04 / 35 mm / noir et blanc / muet
intertitres allemands lus en français / accompagnement musical
scénario Hanns Kräly, Ernst Lubitsch, d’après une histoire d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
production Projektions-AG Union
image Theodor Sparkuhl
décors Kurt Richter
costumes Kurt Richter
interprétation Hermann Thimig, Ossi Oswalda, Victor Janson, Jacob Tiedkte, Max Kronert, Marga Kölher
ayant droit Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
distribution Transit Films
Accompagnement en direct : Jacques Cambra (piano), Wilfrid Arexis (trombone), Kevin Arexis (sax alto et soprano)
La Princesse aux huîtres (Die Austernprinzessin)
1919 / Allemagne
Le richissime américain Quaker, roi des huîtres, souhaiterait marier sa fille Ossi, charmante et dévergondée, à un prince. Cette dernière passe une annonce dans un journal pour trouver l’heureux élu. Nicki, prince noceur et désargenté, intéressé par l’offre, envoie son ami et secrétaire Joseph afin d’évaluer la situation. Ce dernier, pris pour le prince, ne détrompe pas la jeune fille qui, sans plus attendre, le conduit à l’autel…
À cette trame de comédie de remariage, tourné dans des décors spectaculaires, et à un rythme trépidant, se mêle une satire acerbe de l’Amérique. En résulte un film étonnant et extrêmement novateur. Dans cette variation sur le thème du prince et de la milliardaire, Lubitsch use du ressort comique du quiproquo identitaire, qui deviendra la « marque de fabrique » de ses comédies américaines : la Lubitsch Touch.
1h03 / 35 mm / noir et blanc / muet / copie restaurée
intertitres allemands lus en français / accompagnement musical
scénario Hanns Kräly, Ernst Lubitsch
production Projektions-AG Union
image Theodor Sparkuhl
décors Rochus Gliese, Curt Richter
musique William Davies
interprétation Ossi Oswalda, Victor Janson, Julius Falkenstein, Harry Liedtke, Max Kronert
ayant droit Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung
distribution Transit Films
Accompagnement en direct : Jean-François Zygel
LES MUSICIENS
Serge Bromberg (piano)
PDG de Lobster Films depuis 1984, il a réuni une collection de films anciens très rares. Depuis 1992, il présente au public et accompagne au piano le ciné-concert insolite « Retour de Flamme ». Il a également fait des accompagnements au piano au Festival de Cannes, au Musée d’Orsay, au Louvre, au Parc des Tuileries… Producteur délégué pour la télévision depuis 1994, il a produit plus de 500 magazines et émissions, films d’entreprises et documentaires. Serge Bromberg est par ailleurs directeur artistique du festival international du film d’animation d’Annecy depuis 1999 et membre des conseils d’administration de la Fondation GAN pour le cinéma et de la Cinémathèque Française.
Roch Havet (piano)
Autodidacte touche à tout, Roch Havet a d'abord joué dans des troupes de théâtre et des groupes de jazz, puis beaucoup de chansons françaises. Compositeur pour de nombreuses productions (chanson, théâtre, comédie musicale, dramatique radiophonique...), il a développé depuis longtemps une technique d'improvisation pour la musique de films, seul ou à plusieurs. Il a son actif une centaine d’accompagnements, du piano solo à l'orchestre de 10 musiciens.
Aidje Tafial (batterie)
Architecte de formation, il se passionne pour la batterie qui est pour lui plus qu’un instrument de musique ou un moyen d’expression. Sa maîtrise de l’instrument lui permet de jouer au sein de formations aux visages multiples : solo, duo, trio, quintet ou orchestre… des clubs parisiens aux salles de province, en passant par des festivals en France ou à l’étranger. Il est attiré autant par la musique tsigane que le jazz, ou encore des ciné-concerts avec Jacques Cambra au cinéma Le Balzac. Son premier solo sur La Chatte des montagnes marque le départ d’une recherche personnelle sur l’œuvre de Lubitsch.
Jacques Cambra (piano)
Après une formation classique à l’École Normale de musique de Paris, Jacques Cambra se tourne, dès 1997, vers l’accompagnement de films muets en direct, en privilégiant le travail autour de l’improvisation. Ciné concertiste en France comme à l’étranger, il accompagne régulièrement les programmes « Retour de Flamme » et compte à ce jour environ 80 longs métrages et 200 courts métrages à son répertoire. Il collabore régulièrement dans de nombreux festivals de film et dirige également l’association Fos’Note. Il est aussi directeur artistique des ciné-concerts du cinéma Le Balzac à Paris.
Wilfrid Arexis (trombone)
Dès l’âge de 7 ans, il s’initie au piano et à la batterie. À 12 ans, il s’essaie à la basse pour enfin se lancer à 15 ans au trombone en s’inscrivant au Conservatoire de Toulouse où il s’intéresse au Jazz. Après l’obtention du Diplôme d’État de trombone, il est nommé Directeur de l’École de Musique Intercommunale Guy Laffite à Saint-Gaudens. Il suit des cours d’orchestration, d’analyse et des stages avec Lou Bennett, Ted Curson, Phil Abraham, Sarrah Morrow, Philippe Renault.
Kevin Arexis (sax alto et soprano)
Né en 1987, Kevin Arexis a commencé le piano et la batterie dès l’âge de 7 ans, à l’École de Musique Guy Lafitte (St-Gaudens, France), puis débute au saxophone alto et soprano, avec le professeur Hervé Coyandé. Il entre au Conservatoire National de Toulouse en 2002. Il s’est produit dans de nombreux festivals de jazz (festival off de Marciac, Guiness Jazz Festival de Cork en Irlande…) et enseigne le saxophone à l’École de Musique Guy Lafitte. Depuis 2004, il participe à l’illustration musicale de nombreux films, dans le cadre du festival du film muet d’Anères.
Jean-François Zygel (pianiste)
Pianiste et compositeur, il improvise régulièrement en concert pour le cinéma muet, le théâtre, la danse, la radio et la télévision. Il présente chaque mois, avec l’orchestre philharmonique de Radio-France, les œuvres du grand répertoire à la Maison de la radio où il est également chargé d’une émission hebdomadaire en direct. Professeur d’écriture et d’improvisation au Conservatoire de Paris, il a remporté une Victoire de la Musique Classique en 2006. Il est aujourd’hui reconnu en France et à l’étranger comme l’un des meilleurs spécialistes de l’accompagnement en concerts de films muets.
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Why Worry ?, de Fred Newmeyer et Sam Taylor |


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Dimanche 27 janvier, 11h
Un dimanche par mois, à 11h, retrouvez les grands classiques du burlesque accompagnés en direct par des musiciens issus de la classe d'inprovisation au piano du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Pour la saison 2007-2008, nous vous donnons rendez-vous avec deux maîtres du genre : Harold Lloyd et Buster Keaton.
La guerre de Sécession vue par Buster Keaton, c'était le 27 janvier avec Michael Ertzscheid.
>>> En savoir +
Le Mécano de la General
USA, 1926
Réalisation : Buster Keaton et Clyde Bruckman
Scénario : Buster Keaton, Clyde Bruckman, Al Boasberg, Charles Smith d’après The Great Locomotive Chase de William Pittenger (1863)
Interprétation : Buster Keaton (Johnnie Gray), Marion Mack (Annabelle Lee), Charles Smith (son père), Frank Barnes (son frère), Glen Cavender (le chef des espions), Jim Farley (le général nordiste), Frederick Vroom (le général sudiste).
PRESENTATION DU FILM
(d’après un document édité par la Fédération Française des Ciné-Clubs)
Résumé du scénario
Pendant la guerre civile américaine, Buster est mécano de la locomotive la « General ». Les ennemis enlèvent cette locomotive et en même temps, par hasard, la fiancée de Buster.
Buster se lance à la poursuite de sa locomotive et arrive ainsi au QG ennemi où il surprend le plan d’attaque de ceux-ci. Il s’enfuit à bord de la « General » en sauvant la jeune fille et, poursuivi par les trains ennemis, regagne Marietta, sa ville.
Buster prévient le général de l’attaque ennemie. Ils organisent la défense et les ennemis sont repoussés. Buster a même fait un prisonnier : un officiel, ce qui lui vaut le grade de lieutenant. Ayant enfin un uniforme, il a rempli la dernière condition qui empêchait son mariage et peut donc épouser la jeune fille.
Construction du film
Le film possède une construction géométrique rigoureusement basée sur la symétrie. Il peut être découpé en cinq actes principaux :
1) exposition des faits et des personnages à Marietta
2) le vol de la locomotive et la poursuite aller
3) le QG ennemi et le sauvetage de la jeune fille
4) la fuite et la poursuite retour
5) la dénouement à Marietta.
Les deux parties à Marietta sont de longueurs à peu près identiques ainsi que les deux poursuites. L’acte central est nettement plus court.
L’histoire est entièrement centrée sur Keaton et sa locomotive sans aucun événement extérieur, la Guerre de Sécession étant « le milieu d’ambiance ».
La réalisation
Au contraire de nombreux films muets comique où elle est négligée, la réalisation de ce film est remarquablement soignée. Que ce soit la photo : les sous-bois sous la pluie sont de toute beauté et les grands paysages où évolue le train (il n’y a dans ce film aucune maquette) ou la construction géométrique de la plupart des plans, Keaton n’a rien laissé au hasard. La simple considération du plan de Buster acculé sur le chasse-pierres de sa locomotive, une traverse dans les bras, où les lignes rigoureuses des rails, du chasse-pierres, des traverses, le cercle de l’avant de la locomotive et le paysage fuyant au loin de chaque côté situent immédiatement le personnage dans son univers géométrique, suffirait comme exemple. Ailleurs, Buster, debout sur sa locomotive, le corps tendu en avant défiant les lois d’équilibre, scrute l’horizon. En haute voltige, il bondit d’un wagon à l’autre sans se soucier du danger.
Le montage lui-même tient compte des données géographiques. Les trains vont dans un sens à l’aller et dans l’autre au retour, nous enlevant tout doute sur la direction amie ou ennemie.
Les décors, véritables acteurs, entrent pleinement dans l’action. Les ponts menacent de crouler, la forêt est une splendide cachette où les ours sont moins dangereux que les ennemis et où les pièges taquinent le héros, les voies ferrées se superposent lorsque les trains ne doivent pas se rencontrer et l’eau, un peu partout, vient arroser les feux trop violents : pluie, rivières, réservoirs à eau, manches à eau. La locomotive est d’ailleurs le principal décor. Elle sert presque de maison à Buster (il y a son armoire...) et la jeune fille la balaie comme un appartement.
Le gag provient souvent d’une rupture d’équilibre ou du rétablissement de l’équilibre rompu ou menaçant de se rompre. Le sens de l’équilibre est entièrement montré par la mise en scène, c’est-à-dire dans la construction de chaque plan et dans les rapports de chaque plan avec celui qui précède et celui qui suit.
Le gag est toujours situé dans cette idée de « l’espace de la maladresse » et du temps propre à Keaton qui a déclaré : « Tous les gags sont tirés des lois de l’espace et du temps. En se servant de pièces comme personnages, nous faisons avancer ceux-ci selon les jeux de scène en les obligeant à adopter notre pas. Une bonne scène comique comporte plus de calculs mathématiques qu’un ouvrage de mécanique. » Faut-il préciser que ce film est un véritable ouvrage d’horlogerie.
Les personnages
Buster, étrange mécanique
Buster est une mécanique intelligente, tout à fait d’un autre monde : du monde des machines où seulement il est à l’aise. Ailleurs, il se heurte à l’incompréhension des hommes. Nous connaissons, d’après un sous-titre, ses deux amours : sa locomotive et une jeune fille dont la photo en médaillon est accrochée dans la cabine. Mais il s’entend beaucoup mieux avec le premier qu’avec le second et il devra surmonter de nombreuses difficultés avant de gagner le cœur de la femme. On peut même dire que c’est grâce à la machine qui enlève la jeune fille puis maintient prisonnier l’officier ennemi (offrant ainsi un uniforme et un grade en récompense à Buster) que ce dernier pourra épouser la femme qu’il aime.
Heureusement pour lui, comme toute machine, il ne connaît pas le découragement. Infatigable, il se lance à pied à la poursuite de sa locomotive, emprunte une machine de cheminot, déraille et attrape au vol un grand-bi qui le projette à terre au bout de quelques mètres, mais il se relève comme si de rien n’était et a vite fait de réquisitionner un train pour continuer la poursuite. « Il avance avec une sérénité stoïque, sans penser un seul instant à fuir et quand tout est perdu, il continue le plus naturellement du monde », faisait remarquer André Martin (Cahiers de Cinéma, n°86).
Buster est rusé et très adroit pour assommer les sentinelles. Débrouillard, il est le premier au bureau d’engagement (bien que parti le dernier) et évolue sans encombres au milieu de toute l’armée ennemie, prenant son petit-déjeuner dans la maison même du général.
Buster reste tout le temps un parfait gentleman qui brosse son chapeau ou sa locomotive du revers de la main, fait la courte échelle à la jeune fille pour l’aider à monter dans la machine et, en grand uniforme, l’accueille au garde-à-vous.
Son visage réputé pour n’avoir jamais souri ne nous laisse jamais deviner l’issue des diverses situations. Le gag arrive donc avec tout l’effet de surprise désiré. Parfois Buster exprime l’inquiétude, cherchant le lieu d’atterrissage de quelque obus parti en chandelle, ou l’étonnement lorsque le wagon dont il doit se débarrasser lui joue des tours. Toutes ces réactions sont signifiées par les yeux (sans roulements de cabotins) et par une certaine tension du visage.
Autres mécaniques
Les partenaires de Buster sont des objets : le train, le canon, les bouts de bois servant de matraques. Il arrive même qu’ils jouent des farces au héros : les fenêtres se claquent au moment critique le plus silencieux, la hache se casse alors que le besoin de bois est urgent, les traverses servant de combustible à la machine refusent de se laisser charger, bien que les ennemis approchent, le chapeau se prend dans les branches puis, docilement, retourne sur la tête de son propriétaire. Le canon se libère et menace Buster avant de bombarder les ennemis et son épée s’enfuit plusieurs fois avant de lui sauver la vie. Buster comprend ses partenaires et leur parle. Il punit le canon menaçant en lui envoyant un bout de bois.
La jeune fille est assimilée à un objet lorsque Buster la charge dans un sac et quand il vide ce sac comme s’il contenait de simples pommes de terre.
Les partenaires-objets viennent assez souvent au secours du héros. L’épée lui a sauvé la vie et une poutre a fait dérailler le wagon gênant. Le coup de canon en chandelles fait exploser le barrage ce qui provoque l’inondation des positions ennemies. Un aiguillage à peine tordu arrête toute l’armée ennemie et tient en échec la science des officiers. Ce sera un autre esprit simple et logique qui rétablira la voie d’un simple petit coup de hache. Le général ennemi se trompe lorsqu’il pense que le pont en flammes laissera passer ses troupes. Le pont est un ami de Buster et il traînera dans l’eau le train envahisseur.
Autres personnages
La jeune fille est le trait d’union entre les hommes et le monde de Buster. Elle aime Buster mais le considère comme lâche en tant que non-engagé et exige donc (sous l’influence de ses parents et de leur monde) le port de l’uniforme comme condition de mariage. Elle s’adapte pourtant immédiatement au monde de Buster : voulant se rendre utile, elle fait le ménage dans la locomotive, charge de feu de brindilles et jette les morceaux de bois troués. Buster l’adore mais ne comprend pas toujours sa candeur excessive. Enervé, il la gronde et dans le même mouvement qu’il la secoue, il l’attire à lui et l’embrasse.
Les mesquineries de la jeune fille ne sont pas si ridicules que cela. Si la corde accrochée en travers de la voie à deux petits sapins manque de provoquer une catastrophe chez les ennemis et oblige leur train à s’arrêter, pourquoi la brindille rajoutée au foyer ne permettrait-elle pas au train d’arriver plus facilement à Marietta ?
Les autres personnages n’ont aucun rapport avec le monde de Buster, ce sont même ses ennemis : Nordistes, ou même les Sudistes qui le rejettent du bureau d’engagement (l’armée n’ayant pas besoin de mécano) et qui, dans la famille de sa fiancée, ne veulent pas d’un non-engagé : la « honte de l’Amérique ». Mais avec ses amies les machines, il triomphera de toutes les adversités.
Signification
Ce serait faire une grave injure à Keaton de penser qu’il a situé l’action du film en temps de guerre civile, cette Guerre de Sécession américaine si meurtrière, simplement pour profiter de canons plus ou moins détraqués et pour se confier une locomotive plus ou moins historique. Les films de guerre comiques se doivent d’avoir un propos pacifique.
Que les Nordistes ne soient pas montrés sous un jour favorable et que les Sudistes gagnent la bataille n’empêche pas une démonstration de l’absurdité d’une telle guerre, de la guerre en général.
Les gags jouant avec la mort comme ces servants d’une pièce de canon qui se font tuer au fur et à mesure que Buster leur adresse la parole, ou ce drapeau que Buster attrape au vol alors que le préposé s’écroule dépassent suffisamment le simple éclat de rire pour que l’on comprenne le sérieux de l’entreprise sans être obligé de parler d’humour noir.
Buster est la logique qui se heurte de toutes parts aux hommes déchaînés ; il ne se retrouve que dans ses machines : les canons délivrés font des prodiges et sa locomotive ne craint pas les ponts branlants. Buster est une force supérieure, en grande partie grâce à sa sincérité, qui ne peut mener qu’à la victoire.
Mais que deviendra sa force quand il sera enchaîné dans l’uniforme ? L’histoire nous apprend la défaite du Sud. Buster a-t-il alors perdu son pouvoir ? On peut le penser.
Le chef d’œuvre de Keaton quant à la splendeur de la mise en scène, la richesse de son personnage, la perfection du rythme, l’efficacité géniale des gags. En même temps qu’un burlesque d’une totale maîtrise, le film est une grande fresque d’aventures où la beauté géométrique de la mise en scène, pleine de symétrie et de parallélismes, suffirait à elle seule à captiver le spectateur (...)
The General offre aussi au spectateur et ce n’est pas le moins réjouissant de ses aspects une caricature grandiose et féroce de la guerre. La guerre est là, présente sur l’écran, dans tous ses aspects : sa cruauté et son absurdité, ses revirements de situation, ses allées et venues d’armées victorieuses ou en déroute, la morgue et la suffisance monumentale de ses chefs et cette irréalité de la mort où basculent soudain les victimes, pareilles à de petits soldats de plomb. L’art classique et humaniste de Keaton rejette les faux-semblants, tant dans son contenu que dans sa forme et sa technique. Adaptée d’un événement réel de la Guerre de Sécession vécu et raconté par William Pittenger (The Great Locomotive Chase), l’action ne comporte pas une cascade qui n’ait été effectuée devant la caméra avec du matériel grandeur nature (ponts, locomotives, etc.) sur les lieux mêmes où l’histoire s’est déroulée. Rudi Blesh rappelle dans sa biographie de Keaton que les restes de la locomotive du film, après son plongeon à partir du pont en flammes, se trouvent toujours dans une rivière de l’Oregon où on peut les voir et où ils attirent encore les touristes.
(Jacques Lourcelles, Dictionnaire du Cinéma)
BUSTER KEATON
Joseph Franck « Buster » Keaton naît le 4 octobre 1895 dans l’état du Kansas aux Etats-Unis. C’est le fils aîné de Joseph et Myra Keaton, eux-mêmes artistes de music-hall.
Les débuts sur scène
Les spectacles de music-hall étaient composés de numéros assez courts (comparables dans leur durée à un court-métrage), numéros qui s’enchaînaient très rapidement et qui étaient basés sur un montage très précis, réglé à la seconde et au millimètre. Les artistes se produisaient souvent avec un numéro unique, qu’ils présentaient de ville en ville, profitant ainsi de la répétition pour atteindre une quasi perfection dans la pratique de leur art.
A l’âge d’environ six mois, le jeune Joseph Keaton fait une chute malencontreuse et se voit surnommer « Buster » (gros malin) par Harry Houdini, magicien qui deviendra célébrissime et qui est alors le partenaire de Keaton senior.
Très tôt attiré par les lumières de la scène, Buster se retrouve propulsé au rang de vedette à l’âge de cinq ans, dans le numéro qu’il partage avec son père et sa mère et qui est intitulé : « Les 3 Keaton ».
Il va ainsi pendant de nombreuses années apprendre le métier de comédien auprès de ses parents dans un numéro qui s’intitulera successivement « Les 4 Keaton » (à la naissance de son frère Harry), et enfin « Les 5 Keaton », à l’arrivée de sa sœur Louise.
C’est au cours de ces spectacles que le jeune Buster s’aperçoit que les rires du public sont beaucoup plus forts quand lui-même garde un visage de marbre, malgré les situations amusantes (et assez musclées) que subit son personnage dans un numéro dont l’intensité lui vaut le surnom de « serpillière humaine ».
Il intensifie ce trait pour le rendre indissociable du personnage qu’il va bâtir au cinéma en tournant quelque cinquante films, (rien que pour sa période muette, qui s’étend de 1917 à 1930).
Les débuts au cinéma
En 1917, le numéro des Keaton comme celui de nombreux artistes de music-hall est violemment concurrencé par le cinéma. Né en 1895, celui-ci atteint rapidement une portée universelle grâce aux procédés de reproduction mécanique, produisant à grande échelle films et vedettes. Ainsi, au cours de la même soirée, un acteur de cinéma peut être simultanément présent à Paris, Londres, Berlin, ou New-York, sans parler des nombreuses villes de province du monde entier. C’est grâce au cinématographe que des acteurs burlesques américains comme Charles Chaplin, Harold Lloyd, Harry Langdon ou Laurel & Hardy atteignirent une gloire universelle.
Si Joseph Keaton se refuse à « montrer les 3 Keaton sur un drap de lit à 10 cents le fauteuil », Buster quant à lui se laisse séduire par cette nouvelle manière de travailler et participe en 1917 à son premier film de court métrage, intitulé : Fatty, garçon boucher, où son rôle consiste à « recevoir un sac de farine en pleine poire ».
Cette rencontre avec Roscoe Fatty Arbuckle va être déterminante pour la carrière cinématographique de Keaton ; il va jouer dans une douzaine de courts métrages avec Fatty, avant de réaliser en 1920 son premier film en solo : Malec, Champion de tir.
Keaton réalise et joue dans une vingtaine de courts métrages où il développe un personnage pince-sans-rire, résolument moderne dans sa relation avec les objets contemporains (téléphone, maisons démontables, trains, caméras…) qui deviennent sous son traitement aussi vrais que de véritables personnages.
Il va non seulement exploiter les ressorts comiques qu’il a longuement peaufinés dans sa pratique du music-hall, mais également utiliser le langage cinématographique en virtuose, réussissant le tour de force d’être drôle dans les pires situations, tout en produisant des images de toute beauté.
Entre 1923 et 1930, les longs métrages permettent à Buster Keaton d’approfondir son art et de se hisser au niveau des plus grands.
Parmi ses films les plus célèbres, on citera Le Mécano de la générale (The General, 1926), La Croisière du Navigator (The Navigator, 1924), Les 3 ages, qui est une parodie d’Intolérance de Griffith, Steamboat Bill Junior (1928) et Le Caméraman, premier film qu’il tourne pour la MGM en 1929.
« Le plus grand comique est quand même d’essence dramatique. Tout ce qui lui arrivait était dramatique, mais il était tellement léger qu’au lieu de faire pleurer, il faisait rire ; c’est aussi simple que ça. » (Raymond Devos)
« La beauté de son visage exprime magnifiquement tous les sentiments : son corps tout entier suggère. Les dons acrobatiques apportent une stylisation au mouvement et la grâce est en harmonie avec le comique. La distinction n’est pas feinte, la vulgarité absente. » (Pierre Etaix)
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Festival Ciné-concerts en grand format |







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19 et 20 juin 2008
Le Balzac accueille quatre grands ensembles pour deux ciné-concerts jazz exceptionnels
Ils sont venus, ils étaient tous là, pendant deux jours au Balzac. Les 8 musiciens de la formation Archimusic, emmenés par Jean-Rémy Guédon et venus accompagner un programme de burlesques désopilants (Chaplin, Keaton, Laurel & Hardy). Puis les 19 musiciens du Surnatural Orchestra, jeune fanfare inventive qui a formidablement mis en musique La Nouvelle Babylone, grand classique du cinéma soviétique sur la Commune de Paris. Les 9 musiciens de la Compagnie Musicale Le SonArt de David Chevallier, pour accompagner un montage d’archives films sur la ville de Rouen. Pour finir, de vieux habitués du Balzac : les 9 musiciens du Ciné X'Tet de Bruno Regnier, venus présenter une création sur le film de Fred Niblo avec Douglas Fairbanks, La Marque de Zorro. Un grand classique du film d'aventures que l'on redécouvre grâce à un travail musical vraiment très abouti. En deux jours, avec ce festival « grands formats », nous avons accueilli au Balzac près de 50 musiciens avec un programme cinématographique des plus variés. Un plateau de rêve !
Jeudi 19 juin, 20h30
PREMIERE PARTIE DE SEANCE
Un programme de courts métrages muets (Double Whoopee, avec Laurel et Hardy, Voisin, voisine, avec Buster Keaton, Charlot et le comte, avec Charles Chaplin, Big Business, avec Laurel et Hardy), accompagnés en direct par la formation Archimusic de Jean-Rémy Guédon.
LE LONG METRAGE
La Nouvelle Babylone, de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg (URSS, 1929)
La Commune de Paris vue par les employés d'un grand magasin.
Le film sera accompagné par Surnatural Orchestra, formation de 19 musiciens apparentée à une fanfare.
Vendredi 20 juin, 20h30
PREMIERE PARTIE DE SEANCE
Fantaisie en Super 8 majeur
Avec le SonArt, Compagnie Musicale de David Chevallier
LE LONG METRAGE
Le Signe de Zorro, de Fred Niblo (Etats-Unis, 1920)
Ce grand classique du film de cape et d’épée avec Douglas Fairbanks dans le rôle de Zorro sera accompagné par le Ciné X’tet de Bruno Régnier, formation jazz de 9 musiciens déjà venue plusieurs fois au Balzac présenter des créations sur des films de Buster Keaton.
Archimusic, Surnatural Orchestra, le SonArt et Ciné X’tet/Bruno Regnier font partie de l’association Grands Formats. Fondée en 2003, cette association fédère aujourd’hui vingt orchestres présents sur l'ensemble du territoire et représentatifs de la diversité des mondes du jazz.
http://www.grandsformats.com
>>> En savoir +
A propos de ARCHIMUSIC...
Archimusic est né en 1993 d'une rencontre impromptue entre musiciens de pratiques différentes, qui se sont entendus pour "dessiner" la musique de Jean-Rémy Guédon, une musique très visuelle et concrète, facétieuse et surprenante, mêlant subtilement l'écrit et l'improvisé.
Archimusic, c'est jean-rémy guédon (saxophone, direction et composition)
nicolas genest (trompette) jean-pierre arnaud (hautbois, cor anglais)
nicolas fargeix (clarinette) carol mundinger (clarinette basse)
david pouradier duteil (batterie) yves rousseau (contrebasse)
bruno rousselet (basson) et laurence masliah ou pénélope perdereau (comédiennes), élise caron pour la création de Sade songs et lionel peintre pour les pensées pour moi-même, chansons sur l'oeuvre de marc aurèle.
A propos de SURNATURAL ORCHESTRA...
Une vingtaine de musiciens réunis autour d'un projet de création de jeu sonore et visuel.
Un répertoire nourri de différentes traditions, formulé en compos/arrangements originaux et en improvisations dirigées, où les vents divers se chauffent à la rythmique, s'accompagnent, se répondent et s'affrontent, entre thèmes ambitieux, solos endiablés et rythmes soutenus.
Un orchestre fluide et mouvant, dynamique et décalé, qui propose un univers poétique, festoyant et atypique.
Surnatural Orchestra est une formation de 19 musiciens, apparentée à une fanfare. Le groupe, qui a à son actif un CD sur le label Quoi-De-Neuf-Docteur, se produit régulièrement en concert depuis 2001. Salle, rue, électrique ou acoustique, invités ponctuels, ciné-concerts... en la matière, les formules sont multiples et ouvertes (se reporter au site surnaturalorchestra.com).
Issue au départ de thèmes du répertoire kletzmer très réarrangés, la musique se départit doucement de cette influence pour se porter vers l'interprétation de compositions issues des membres du groupes, où se mêlent musiques populaires et jazz, écriture et improvisation. Une spécificité importante qui caractérise d'ailleurs la formation est l'improvisation collective dirigée.
Présentes dès l’origine, ces improvisations font partie de l’identité du groupe. Un langage précis de signes, élaborés en commun sur la base des recherches de Walter Thomson*, permet à un "chef d’orchestre" momentané, issu du rang, d’engager les musiciens sur une direction. Connaissant cette gestuelle, chacun est à même d’occuper la place. Deux, trois "chefs" peuvent simultanément diriger des portions d’orchestre, guider l’aventure musicale, lui tenir les rennes. Ces interventions occupent une place à part entière dans la démarche et la musique, concrétisant plusieurs volontés.
Si elles permettent d’enrichir, de transformer, de faire évoluer en temps réel le répertoire écrit existant, elles conduisent aussi le collectif, sur le qui-vive, à l’invention in situ d’un répertoire orchestral entièrement nouveau. Musique évolutive par excellence, que ce soit sur des boucles rythmiques, des motifs répétitifs ou tout autre formule aléatoire, elle propose à chaque instrumentiste de trouver son rapport à l’orchestre et de s’y fondre. Par ce travail de direction sur le matériau vif, elle conduit à l’arrangement spontané, élaborant en direct une écriture musicale libre et instantanée.
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Nosferatu le Vampire, de F. W. Murnau (1922) |








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Mardi 9 juin, 20h30
Nosferatu le Vampire, de Friedrich-Wilhelm Murnau (1922)
Avec Max Schreck, Gustav von Wangenheim, Greta Schröder, Alexander Granach, Georg H. Schnell, Ruth Landshoff, John Gottowt, Gustav Botz, Max Nemetz, Wolfgang Heinz, ...
En 1838, un jeune clerc de notaire, Hutter, va conclure une vente avec un châtelain dans les Carpathes. Il laisse sa jeune épouse, Ellen, à Wisborg. Au château, Hutter est accueilli par le comte Orlock. Dès la première nuit, celui-ci révèle son vrai visage : il est la réincarnation du vampire Nosferatu, créature démoniaque qui ne peut vivre qu'en suçant le sang des humains. Épouvanté, Hutter rentre en hâte à Wisborg. Mais Nosferatu l'y a précédé, semant sur son passage la terreur et la peste...
Ce chef-d'oeuvre du cinéma d'épouvante est la première adaptation fidèle du célèbre roman de Bram Stocker, Dracula, publié en 1897. Il était accompagné par le Quatuor Prima Vista.
>>> En savoir +
Seul quatuor à cordes à avoir inscrit des ciné-concerts à son répertoire, et un des rares ensembles à accompagner des films muets sur des partitions originales, le Quatuor Prima Vista, fondé en 1997, s'est produit avec succès dans de nombreux festivals en France, en Europe (Espagne, Italie, Russie, Pologne, Allemagne, Angleterre) et Outre-Mer (aux États-Unis et jusqu'en Tanzanie au Festival International du Film de Zanzibar).
Dans la plus pure tradition des projections cinématographiques des années 1920, le Quatuor Prima Vista interprétera donc en direct, la partition composée en 2002 par Baudime Jam, membre de l’UCMF et auteur de plusieurs musiques de films muets (Le mécano de la Générale, Le pirate noir, Les deux orphelines) et de courts métrages (La maison hantée, Voyage autour d’une étoile, Au royaume de l’air, etc.).
L’occasion, donc, de découvrir ce qu’était une séance de cinéma au temps héroïque du muet, à des années lumières de la Dolby et du THX : un véritable spectacle vivant qui associe découverte du patrimoine cinématographique et création musicale.
“Un pur moment de bonheur : difficile de mettre des mots sur la prestation du Quatuor Prima Vista qui a donné un ciné-concert époustouflant”.
(C.M., Le Journal de Saône et Loire)
“Les musiciens ont magnifié le lyrisme de l'image dans ses nuances mélodramatiques et épiques, redonnant littéralement vie au film. Prima Vista fait chanter le silence.”
(J.H.H., La Montagne)
“This is perhaps the best silent film accompaniment I've heard.”
(L.N., Variety)
“Prima Vista redonne voix et vie à Nosferatu. Les musiciens ont envoûté le public [...] par un accompagnement musical original de haute qualité. La partition de Baudime Jam, caractérisée par son unité stylistique, colle idéalement à l’image.”
(J.T., La Montagne)
site internet : http://primavista.free.fr/cine.html
Lu sur Wikipédia
À Wismar en 1838 (et non à Brême comme le laisse entendre la version française), Thomas Hutter, un jeune clerc d'agent immobilier ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir en Transylvanie afin de vendre une propriété au Comte Orlok qui désire avoir une résidence dans la ville. Après un périple sur une terre d'ombres, le jeune homme est accueilli au sein d'un sinistre château par le comte. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d'Ellen qui le fascine et décide d'acquérir le bâtiment — proche de la maison du couple — qui lui est proposé. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Alors Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant la mort et la désolation par la peste dans son sillage. Ellen bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, laissera le comte faire d'elle sa victime et sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste.
Les intertitres sont de trois types : ceux qui concernent le texte du narrateur historien ; ceux qui évoquent les documents écrits ou lus par les protagonistes (journaux intimes, lettres comme dans le roman) ; enfin, les intertitres consacrés aux dialogues.
Divers effets visuels sont utilisés par Murnau afin de susciter l'inquiétude et le malaise : voiture qui amène Hutter au château, en négatif ; apparitions du comte se détachant de l'obscurité ; mouvements accélérés d'Orlok chargeant les cercueils destinés à l'abriter pendant son voyage vers Wismar, ... De plus, la teinte de la pellicule accentue différents climats, comme c'est le cas pour les scènes de nuit en bleue et les séquences de jour, teintées de sépia.
Une adaptation de Dracula (Bram Stoker, 1897)
Le scénario prend plusieurs libertés par rapport à l'œuvre de Bram Stoker. Tout d'abord, il y a un changement de lieux (Wismar au lieu de Londres) et des noms des personnages (Jonathan Harker devient Thomas Hutter, Mina Murray devient Ellen, Vlad Dracula devient Orlok, Renfield devient Knock). Ces modifications ont été motivées par le faible budget dont disposait le film et qui lui interdisaient le versement des droits d’auteur. Ensuite, Nosferatu se présente à Hutter sous forme d’un loup-garou (ici représenté sous la forme d'une hyène brune), s'inspirant ainsi de L'Invité de Dracula, premier chapitre retiré du roman original et publié sous forme d’une nouvelle quelques années plus tard. Enfin, la lumière du jour peut tuer le vampire (alors que dans le roman, Dracula se promène à Londres, en pleine journée). Néanmoins, la trame narrative est respectée.
Ces modifications ne parvinrent cependant à empêcher le procès intenté par la veuve Stoker contre Prana Film (entre 1922 et 1925). En juillet 1925, les copies et les négatifs sont détruits. En octobre 1925, alors que la British Film Society demande à Florence Stoker de patronner un festival de cinéma à Londres, celle-ci apprend avec stupeur que Nosferatu fait partie des films programmés. Elle engage par conséquent un nouveau procès destiné à défendre ses droits sur l'œuvre de son défunt mari. En 1928, Universal Pictures acquiert les droits du roman Dracula et les adaptations cinématographiques. Sur demande de Florence Stoker, la copie est expédiée aux États-Unis par la British Film Society pour y être détruite (1929). En 1937, décès de Florence Stoker. Réapparition de copies cachées (Allemagne, États-Unis, Angleterre). On assiste à une diffusion en salles des copies cachées en 1960 puis en 1972. Enfin, en 1984, l'œuvre intégrale est restaurée.
Le personnage de Nosferatu
Le Dracula de Stoker est un gentilhomme suave et élégant, un être au charme d'un autre temps, mystérieux et raffiné. Le Nosferatu de Murnau est pâle, rigide, le crâne chauve et déformé, tel un cadavre aux mains décharnées et au regard obnubilé, cerclé par un contour de suie, marquant une désespérante solitude. Alors que Dracula est tragique, le Nosferatu suscite la répulsion. Son antre est un château en ruine érigé sur une lande désolée où se côtoient le sauvage et la bestialité. Sa demeure est la manifestation visuelle d'une âme ténébreuse. Nosferatu (« porteur de peste ») est accompagné par des cohortes de rats.
Un film expressionniste
Une ambiance claustrophobique (séquences intérieurs confinés : chambres, prison, château, asile, cale de bateau) parcourt le film. Même pour les scènes sur les terres du château, qui, bien qu'étant des extérieurs, pèsent sur le personnage de Hutter, l'emprisonnant et l'écrasant par l'hostilité d'une lande désertée, où le non-naturel semble avoir perverti une nature désormais complice. Les effets spéciaux de Murnau ajoutent à cette atmosphère inquiétante. L'utilisation de filtres bleus et sépia, sépare les scènes nocturnes des scènes diurnes et confère aux extérieurs leur dimension surréaliste. Les différentes disparitions et apparitions du vampire, les mouvements accélérés du serviteur du comte (qui présente d'ailleurs une forte ressemblance avec son maître), ainsi que les mouvements saccadés de la diligence, donnent au film ce sentiment d'étrange. Mais l'étrange tient surtout à l'utilisation de l'image en négatif qui noircit le ciel et blanchit le paysage. Enfin, la présence d'une lumière bleue dans certaines scènes confèrent une atmosphère grinçante au film.
Le comte Orlok illustre avec brio le monstre repoussant et inquiétant. Le jeu des acteurs est particulièrement expressif. Ce jeu expressif est très communicatif ; lorsque Knock apparaît pour la première fois, il lit une lettre, écrite avec des symboles occultes (détail qui apprend au spectateur que c'est un initié, un esclave au service d'Orlok), puis il appelle Hutter pour lui confier une mission, il arbore un rire convulsif entre chaque intertitre, son regard, celui d'un fou, est appuyé par d'épais sourcils noirs. La plus grande partie du film a été tournée avec des jeux d'ombres. Ces derniers confèrent au vampire une aura de terreur et de puissance. En particulier, à la fin, lorsqu'il monte l'escalier, menant à la chambre d'Ellen, son ombre s'étale sur le mur. Nosferatu est hors champ, le spectateur ne voit que cette ombre grandir, et cette main aux longs doigts qui s'avance vers la porte de celle qui peut-être réussira à vaincre ce démon. Ellen incarne parfaitement la femme forte, propre aux couples expressionnistes. Hutter est l'homme transi et naïf, alors qu'elle est forte, elle prend une décision grave. On retrouve ce schéma dans Métropolis de Fritz Lang (1927). Le professeur est lui aussi présent sous les traits de Bulwer. Les thèmes comme la crainte, la peur et la terreur sont omniprésents. Mais aussi l'amour ; lorsque Hutter se fait mordre, Ellen a une crise de somnambulisme et crie le nom de son mari. Ses cris sont entendus par Orlok. C'est aussi la puissance de l'amour qui sauve la ville.
Une symphonie particulière
Le film se divise en cinq actes. Le premier se termine lors de l'arrivée de Hutter dans la demeure du comte. Le second prend fin avec le départ du comte et l'évasion de Hutter. Le troisième se termine par l'intertitre : « Le navire de la mort avait un nouveau capitaine. » Le quatrième s'achève avec l'annonce de l'épidémie de peste aux habitants de Wismar. Le film se termine sur un plan d'un château en ruine (celui de Nosferatu, détruit par sa mort ?).
On peut identifier ces actes à des mouvements. Comme pour une symphonie, ce sont les différents mouvements qui règlent les émotions du spectateur. Les deux premiers actes installent la peur, le troisième accède au stade de la terreur, et c'est donc avec une terreur impitoyable que le spectateur assiste aux deux derniers.
Le happy-end n'est pas total, car si le monstre est vaincu, quel prix a-t-il fallu payer ? Le final, avec la mort d'Ellen, laisse au spectateur un goût de tristesse, mais aussi d'espoir. D'espoir car malgré l'atmosphère pessimiste et inquiétante du film, le monstre est anéanti, ce qui laisse supposer au spectateur que le mal, quel qu'il soit, peut toujours être terrassé.
La sexualité refoulée
Lors du souper au château, Hutter, ayant littéralement quitté sa femme pour Orlok, offre peu de résistance à l'influence du comte, succombant à son étrange séduction. Nosferatu se livre ici à des manœuvres d'approche très claires, ces allusions à l'homosexualité découlant sûrement des tendances du réalisateur. La morsure du vampire a ainsi une valeur de métaphore pour un baiser échangé entre deux hommes, l'homosexualité étant tabou à cette époque.
Dans la scène finale, Ellen attire le vampire à son lit pour se donner librement. Hutter se retrouvant donc impuissant alors que Nosferatu représente ce qui est nié et qui doit être caché dans l'ombre, explicitant l'aversion à la lumière. En outre, le vampire se dressant de son cercueil est assimilable visuellement à l'érection.
L'ambivalence, l'ambiguïté prend alors corps avec la manifestation du double. Car l'ombre qui constitue de par sa nature, le double de l'homme. Hutter est donc à la fois l'époux hétérosexuel et l'amant homosexuel. L'ombre connotant visuellement dans l'expressionnisme le meurtrier, l'assassin, anticipe également ici l'imminence du danger et le désir sexuel refoulé. Hutter trouve donc en un certain sens son double malveillant et surtout alternatif dans le Nosferatu. Ce dernier est la figure sombre et révélée du jeune homme. Hutter, représentant l'être inhibé par les conventions sociales, refoule des désirs inconscients, lui, qui vit en plein jour, à la lumière. Le Nosferatu, créature nocturne, affiche quant à lui les désirs primaires enfouis dans l'inconscient.
Ainsi, au bonheur moral et romantique des scènes où Hutter est avec son épouse Ellen, le jeune homme rencontre son double en la personne du comte, siège de ses pulsions refoulées. Le château lugubre et obscur du Comte symbolisant le siège de l'inconscient, certains plans, montrés en inversion du négatif de la pellicule (le sombre apparaît blanc, et le clair devenant noir), corrobore ce passage de la conscience à l'inconscient. Le paroxysme est atteint lorsque Hutter descend dans la crypte, comme lieu insondable de l'inconscient, et découvrira la nature du monstre. Horrifié par cette révélation au niveau de son propre inconscient, il veut fuir, et de ce fait tente donc de le refouler afin de retourner au seuil de sa conscience, auprès de sa femme, au stade où pulsions et désirs sont inhibés.
Nosferatu et la peinture
Le film marque la transition entre Romantisme et Expressionnisme. L'appartenance de l'œuvre de Murnau au mouvement romantique est évidente. Ses thèmes comme la bivalence (la subjectivité et l'inconscient, le mystère et l'imagination) ainsi que le double, le gothique et la communion entre l'artiste et la nature sont omniprésents dans le long métrage. L'ambivalence affecte principalement les personnages d'Orlok (comte/vampire) à Knock (notable/fou) en passant par Hutter (mari hétérosexuel/amant homosexuel) ainsi que le parallèle entre le monde des vampires et celui des humains (voir en particulier l'utilisation du négatif lorsque le carrosse passe du monde normal à celui d'Orlok). L'inconscient se caractérise par une crainte constante du comte qui est matérialisée dans la nature lorsqu'il n'est pas à l'écran. Pour les romantiques, portraits, reflets, et ombres se fondent en une seule entité. L'ombre, particulièrement importante (voir scène de la montée de l'escalier), prévient d'un danger imminent, matérialise un désir sexuel et trahit toujours le meurtrier dans le cinéma allemand. Le gothique se manifeste dans le physique du vampire et l'architecture. La tête ovale et chauve de Nosferatu renvoie aux voûtes gothiques de son château, tandis que son corps tordu répond aux courbes du portail. Ses ongles longs symbolisent le despotisme de l'Orient et correspondent aux lignes allongées de l'architecture gothique. Enfin, la nature a un rôle prépondérant, aussi important qu'un personnage. Les montagnes ont un côté surnaturel, les étendues sont la projection mentale des personnages tandis que les vagues de la mer annoncent l'arrivée imminente du comte. Le film fait aussi des allusions directes à certaines peintures romantiques que Murnau transpose en scènes. Le cinéaste emprunte principalement à Caspar David Friedrich (1774-1840). On remarquera en particulier « The Monk By The Sea » (Ellen Hutter au bord de la mer), « Cross In the Mountains » (les croix dans la montagne) et « The Churchyard » (la portail de son château). On notera aussi « La leçon d'Anatomie » de Rembrandt (autopsie du cadavre du capitaine), les rues fidèles aux traits de Carl Spiteway, « The Coach On the Bridge » (le carrosse du comte) ainsi que « La Tour Rouge de Halle » d'Ernst Ludwig Kirchner. Enfin, certains prétendent que Nosferatu renverrait au personnage du « Le Cri » de Munch avec son cri silencieux tout comme dans le film où le nom du comte ne peut être prononcé. Le film s'achève avec la mort du vampire qui sonne le glas du Romantisme pour laisser place à l'Expressionnisme.
Nosferatu et le Cinéma
Le personnage d'Orlok est un constat du positionnement du cinéma face aux autres arts et en particulier la peinture. Le vampire est entre la mort (immobilité : la peinture est un art figé) et la vie (mouvement : le cinéma est un art en mouvement). Cette dualité représente aussi l'évolution technique de l'art, le cinéma en étant la forme vivante grâce à l'avancée technologique.
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Le Cameraman, de Buster Keaton |



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Dimanche 18 octobre, 11h
Les chefs d’oeuvre du burlesque accompagnés en direct par les élèves issus de la classe d’improvisation au clavier du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris
LE CAMERAMAN
de Edward Sedgwick et Buster Keaton
(Etats-Unis, 1928, NB, muet, 1h06)
Avec Buster Keaton, Marceline Day
Buster, photographe de rue, spécialisé dans les daguerréotypes, tombe amoureux de Sally, secrétaire à la Compagnie d'Actualités Cinématographiques. Il décide de devenir caméraman, achète une caméra d'occasion et filme n'importe quoi. Le résultat ressemble davantage à une vision surréaliste qu'à un reportage d'actualités.
Apprenant que la Fête du Quartier Chinois doit dégénérer en émeute, la jeune secrétaire conseille à Buster d'y apporter sa caméra. Les prises de vues sont sensationnelles et inédites, mais l'opérateur constate avec amertume que sa pellicule a disparu...
Dernier "grand" film de Keaton. Des gags fabuleux font du Cameraman le film le plus drôle de Keaton. (Jean Tulard)
Accompagnement au piano : Xavier Busatto
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Voyages extraordinaires et autres films, de Georges Méliès |


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Dimanche 22 novembre, 11h
Les chefs d’oeuvre du burlesque accompagnés en direct
par les élèves issus de la classe d’improvisation au clavier
du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris
Accompagnement au piano : Samuel LIEGEON
Six films pour entrer dans l’univers de Georges Méliès, pionnier et magicien du septième art, père des trucages, scénariste et réalisateur à l’imagination débordante.
Le Tripot clandestin (1906, 3’07)
Les Affiches en goguette (1906, 3’26)
Le Voyage dans la lune (1902, 12’46)
Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants (1902, 4’13)
A la conquête du pôle (1912, 30’22)
La Sirène (1904, 4’08)
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L'Auberge rouge, de Jean Epstein |




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Mardi 8 décembre, 20h30
L’Auberge rouge, de Jean Epstein (France, 1923)
En 1799, deux jeunes médecins surpris par l’orage trouvent refuge dans une auberge. Un courtier en diamants partage leur chambre. Au petit jour, on découvre qu’il a été assassiné. L’un des médecins est accusé… D’après une nouvelle d’Honoré de Balzac.
Accompagnement musical : Benjamin Moussay (piano et claviers), Alexandra Grimal (saxophones), Serge Haessler (cor, trompette), Frédéric Norel (composition et violon), Sabine Balasse (violoncelle), Arnault Cuisinier (contrebasse)
Copie : Gaumont Pathé Archives
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Un classique du cinéma muet qui conserve son pouvoir de fascination (Jean Tulard)
"Epstein a tout étudié : les théories sur l'image subjective, sur la valeur de l'atmosphère, sur la signification de la composition des plans, sur celle du flou et des surimpressions, sur la cadence, sur le montage, sur les interpolations, les retours en arrière, sur les ralentis. Il a voulu faire la synthèse de cette nouvelle syntaxe et il y a réussi. Il a accumulé dans L'Auberge rouge toutes les difficultés et les a toutes surmontées. (...) Déjà dans ce film, à la faveur d'une ouverture de l'iris, une fête prend pour quelques secondes l'aspect d'une tête de mort. A nous d'y être sensibles, il ne s'agit pas d'un symbole, Il s'agit d'une erreur des sens. (...)
C'est le triomphe de l'impressionnisme du mouvement, mais c'est aussi autre chose, c'est le triomphe de l'esprit moderne".
(Henri Langlois, Cahiers du Cinéma, n°24, juin 1953)
Frédéric Norel, Compositeur et Violoniste
Formé au Conservatoire de Strasbourg en classe de violon dès l'âge de six ans, il réussit ensuite le concours d'entrée au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, d'où il ressort avec un Prix de jazz et Musiques Improvisées en 1996.
Violoniste improvisateur, il se produit dans un grand nombre de festivals à travers le monde, notamment à Vienne au sein de l'Archie Shepp Attica Blues Big Band (1996), à Rome avec l'Orchestre National de Jazz (2001) ou encore au Kennedy Center à Washington avec le Struber Jazztett (2004) .
Musicien multiple, il collabore avec des artistes de divers horizons. Ainsi, il devient pendant plusieurs années le violoniste du chanteur indien Ravi Prasad, participe à un spectacle mis en scène par la chorégraphe Régine Chopinot, enregistre à Londres avec le musicien électro Oskar Vizan (bras droit de Talvin Sing) et réalise des albums pour des chanteurs français.
Parallèlement à la scène, il entame en 1997 une carrière de compositeur et écrit la musique du court métrage Zen de Xavier Liebard, diffusé sur France 2 la même année.
Il compose par la suite les partitions de Romeo y Giulietta pour Arte en 2003 (film muet d'Ugo Falena), puis en 2004 Terra Magica (documentaire long métrage sur Ingmar Bergman réalisé par Fanny Guiard) pour Ciné Cinéma.
Viennent ensuite deux commandes du réalisateur Olivier Brunet : "Le Passé Recomposé" en 2006 (série de 24 épisodes racontée par André Dussolier et diffusée sur France 3) et en 2007 "Retrouver le goût" (documentaire 52 min sur Michel Onfray).
Le monde du théâtre lui ouvre lui aussi ses portes par l'intermédiaire du metteur en scène Ladislas Chollat. Il devient son compositeur en 2004, et écrit pour lui la musique de deux pièces qu'il monte à Beauvais : Le Barbier de Séville en 2004 (avec notamment Benjamin Boyer) et Médée en 2007 (avec Elodie Navarre, Gildas Bourdet, Raphaël Personaz...).
C'est ensuite l'auteur Florian Zeller qui fait appel à lui pour sa pièce Elle t'attend qu'il crée au Théâtre de La Madeleine en 2008 (avec Laetitia Casta, Bruno Todeschini, Nicolas Vaude...).
En 2009, il compose la musique de Très Chère Mathilde d'Israël Horovitz, mise en scène par Ladislas Chollat (créée au Théâtre Marigny avec Line Renaud, Samuel Labarthe et Raphaëlin Goupilleau). Ce sera le succès théâtral de l'année, avec plus de cent représentations.
Cette même année, Frédéric Norel sort son 1er album : "DREAMSEEKERS", sur le label Mélisse, distribué par Abeille Musique.
Ce CD est rapidement salué par la critique, et obtient les récompenses "Disque d'émoi" de Jazz Magazine, "4 étoiles" de Classica, ainsi qu'une page élogieuse dans Les Inrockuptibles.
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La jeune fille au carton à chapeau, de Boris Barnet |


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Mardi 16 février, 20h30
La jeune fille au carton à chapeau, de Boris Barnet (URSS, 1927)
Nastasa habite avec son père non loin de Moscou. Elle fabrique des chapeaux à domicile et les livre à la capitale, au magasin de Madame Irène. Sur son chemin, elle fait la connaissance de Ilja, un jeune homme qui vient de la province. Dans les rues bruyantes de la ville, il erre sans succès à la recherche d'un logis. Il attire l'attention de Nastasa, elle décide de lui venir en aide. Un ton très décontracté dans cette charmante comédie que la Nouvelle Vague française redécouvrira.
Accompagnement musical : Vadim Sher (composition, piano), Marie Gremillard (violoncelle)
Copie : Arkéion Films
En partenariat avec LES ENFANTS DE CINEMA et le dispositif national ECOLE ET CINEMA.
En partenariat avec la Vodka Standard et Kusmi Tea.
>>> En savoir +
BORIS BARNET
réalisateur, scénariste et acteur
Selon Jean-Luc Godard, Boris Barnet est le plus grand cinéaste russe. Né à Moscou le 18 juin 1902 d’un père soldat anglais établi en Russie pendant les guerres napoléoniennes, il quitte l’Ecole des Beaux Arts en 1919 pour s’engager, à 17 ans, dans l’Armée Rouge. Démobilisé en 1921, il devient boxeur professionnel et est engagé par Lev Koulechov, alors directeur de ce qui va devenir, en 1922, l’Institut National de Cinéma (VGIK), pour donner des leçons de boxe à ses élèves comédiens et y faire des études de cinéma.
Dès ses premiers films, Barnet fait preuve d’un réel sens de l’humour. Influencé certainement par Buster Keaton et Harold Lloyd, il manie le burlesque avec une grande finesse. Les personnages de ses films, par leur côté grotesque et absurde, font penser à ceux des textes de Gogol. Le cinéma de Barnet emprunte à la tradition du cirque russe des éléments d’équilibrisme et du jonglage tant en esquissant des instantanés poétiques saisissants. Le montage virtuose de l’image, au tempo vertigineux, impose au spectateur de respirer dans son rythme.
A propos de son cinéma Barnet écrit : « Je ne suis pas, je n’ai jamais été un homme des théories. J’aime avant tout la comédie, je me plais à introduire des scènes drôles dans un drame et des épisodes dramatiques dans un film comique. »
Boris Barnet tourne durant sa vie plus d’une vingtaine de films parmi lesquels de véritables chefs-d’œuvre de cinéma mondial (Au bord de la mer bleue, Le lutteur et le clown…).
Il se suicide à Riga le 8 janvier 1965.
LE FILM
Natacha fabrique des chapeaux chez son grand-père, dans la campagne moscovite. En se rendant à la capitale, où Madame Irène achète ses chapeaux contre un titre d’emprunt d’État, elle rencontre Ilia qui débarque de Province. Pour lui permettre d’obtenir un logement à Moscou, Natacha lui propose un mariage blanc. Ilia accepte tout en espérant qu’au fil du temps, Natacha s‘installera vraiment avec lui… De son côté, Madame Irène tente de reprendre à Natacha son titre d’emprunt qui vient de gagner 25000 roubles au tirage au sort…
Une comédie burlesque s’entremêle dans ce film avec le lyrisme et la poésie d’une histoire d’amour singulière. Servi par un jeu d’acteurs extraordinaires, La Jeune Fille au carton à chapeau est un véritable chef d’œuvre où le spectateur tombe immédiatement sous la magie du plaisir évident qu’a éprouvé le cinéaste en le réalisant.
Le style du film illustre parfaitement des théories chères à Lev Koulechov, qu’on a souvent nommé le « père du cinéma russe ». Tout au long de La Jeune Fille au carton à chapeau Barnet y applique ses principes, notamment sa célèbre thèse sur l’importance du montage, bien que poussée d’une manière moins rigoureuse et radicale que chez d’autres grands maîtres du cinéma soviétique. Barnet fait un usage infiniment plus réduit du gros plan qu’Eisenstein et on remarquera dans ce film une nette influence du théâtre constructiviste, marqué par la géométrie dépouillée des décors sans stylisation décorative, aucune.
C’est dans l’interprétation, sans doute, que l’on trouve les traces les plus nettes du théâtre satirique de l’époque, très influencé par le constructivisme. Il en est ainsi dans la singulière gymnastique irréaliste de la servante Marfoucha lorsque, sur l’échelle, elle lave la vitrine. Ou encore à l’étudiant transportant le noceur endormi sur son siège. Peut-être peut-on y voir aussi quelques réminiscences du cinéma burlesque américain (Harold Lloyd, par exemple, avait été très en vogue dans les années 1920-25 en Russie comme ailleurs).
LA MUSIQUE
Vu par un musicien, La Jeune Fille au carton à chapeau donne des frissons : le film présente de nombreux éléments qui offrent une source incroyable d’inspiration et réveillent la fantaisie musicale.
L’accompagnement pour La Jeune Fille au carton à chapeau, fondé sur les mélodies et leitmotivs inspirées par la musique russe savante et populaire de la première moitié du XXème siècle, s’est construit sur la recherche d’une harmonie entre le film et la bande sonore. La musique guette tout changement rythmique, elle tente de pénétrer l’ambiance de chaque scène et veille à souligner certains détails qui peuvent rendre la lecture du film plus accessible aux spectateurs n’ayant pas de connaissances approfondies sur le contexte historique et social dans lequel est placé ce film. Le grotesque de la bourgeoisie de la période du NEP s’entend dans les mélodies d’un raffinement exagéré ; la vie provinciale et le monde ouvrier ont un lien évident avec la musique populaire russe ; les autorités ou les moments à caractère propagandiste sont accompagnés par des thèmes rappelant la « marche triomphale » de la jeune république soviétique. La musique est là aussi pour souligner l’humour extraordinaire de cette comédie.
Une des grandes particularités de La Jeune Fille au carton à chapeau consiste dans le jeu des acteurs appartenant à l’école FEKS (Fabrique de l’acteur excentrique). Cette école prônait un jeu autant que possible éloigné de tout réalisme et poussé à l’extrême dans le sens de l’expression caricaturale. Il n’y a pas eu d’école semblable en musique, et il s’agit ici de créer un reflet de ces codes de jeu des acteurs dans la musique. Chaque personnage est ainsi porté par un thème qui transcrit son caractère en langage musical et suit l’amplitude de son degré d’expression au fil des scènes.
L’aspect burlesque du film pousse à la conception de parties instrumentales virtuoses ; au contraire, le fil de la singulière histoire d’amour entre Natacha et Ilya impose un certain lyrisme musical. Maniant avec brio l’art du montage, Barnet entrelace des ambiances très différentes avec une grande dextérité. Tout le long du film, il créé des cassures subites et fréquentes qui impliquent une création musicale très contrastée. Les passages d’une énergie à l’autre se font souvent à l’intérieur d’une même séquence, et imposent une composition et une exécution instrumentale très précises afin de créer la fluidité nécessaire à la fusion de la pensée musicale et de la pensée cinématographique.
Le duo de piano et de violoncelle est à la base de la partition. L’accordéon s’ajoute à la coloration sonore. L’utilisation d’un clavier numérique permet de varier également les sonorités, mais seulement là où cela est justifié par la cohérence parfaite avec l’image. Il ne s’agit pas de considérer ce chef d’œuvre de Boris Barnet comme un objet d’un simple divertissement musical mais comme une matière précieuse servie par une véritable bande originale dans le plus grand respect de l’œuvre cinématographique.
VADIM SHER
Compositeur, pianiste
Vadim Sher est né en 1973 à Tallinn (Estonie). Il a fait ses études à l’Ecole Supérieure de Musique Moussorgski à Saint-Pétersbourg, en Russie. Depuis 1993 il vit et travaille en France. Il crée les parties musicales de nombreux spectacles de théâtre : entre autres Cabaret Citrouille et Varietà d’Achille Tonic, alias Shirley & Dino ; L’Histoire de Sonetchka de Marina Tsvétaéva, Le Kaddish d’après Cholem Aleïkhem et Les Serpents de Marie NDiaye, mises en scène de Youlia Zimina, Cabaret Céleste d'après Noëlle Renaude, mise en scène de Christian Germain, Le Doigt sur la plaie d’après Jules Laforgue, mise en scène de Christian Peythieux, Chez Marcel – Cabaret Proust, mise en scène de Jean-Michel Vier...
Il prend en charge la direction musicale d'acteurs auprès de metteurs en scène comme Matthias Langhoff ou Lisa Wurmser, donne des concerts de musique de chambre et de folklore des Pays d’Europe de l’Est avec le violoniste Dimitri Artemenko et travaille en tant que compositeur de musiques de films (L’Etrangère de Jean-François Ferrillon, France, 2001 ; Loin de Sunset boulevard de Igor Minaiev, France – Russie, 2005, qui reçoit la Médaille d'Or pour la musique au Park City Film Music Festival, USA ; Yarik de Proekt MY, Russie, 2006 ; Cabaret Paradis de Corinne et Gilles Benizio, France, 2006, (compositeur additionnel).
En 2007 il crée, avec Dimitri Artemenko, le ciné-concert La maison de la rue Troubnaïa de Boris Barnet (1er prix pour la création musicale au 4Film Festival à Bolzano, Italie), puis, en 2009, deux autres ciné-concerts : Florilège Au fil des neiges, autour de films d’animation russes, et La Jeune Fille au carton à chapeau, avec la violoncelliste Marie Gremillard. Il écrit également une suite musicale pour accompagner le photofilm créé à partir des images du Pré de Béjine, film détruit de Sergueï Eisenstein.
(www.myspace.com/shervadim)
MARIE GREMILLARD
Violoncelliste
Marie Gremillard est née à Besançon, en 1977. A 8 ans, elle commence le violoncelle au Conservatoire de sa ville natale, avant de partir pour Paris afin de poursuivre ses études musicales. Elle fréquente tout d’abord le conservatoire de Saint Maur, où elle obtient 4 médailles d’or la même année. Elle intègre ensuite la classe du quatuor Ysaÿe au conservatoire supérieur de Paris, en parallèle avec celle d’Henri Demarquette. Puis elle rejoint l’orchestre Ostinato, ainsi que la Schola Cantorum d’où elle est également diplômée.
Elle se diversifie dans les styles de musique. D’un côté, la musique classique, elle fait partie de plusieurs quatuors, dont le quatuor de violoncelle Belli Celli et occupe un poste de violoncelle du rang titulaire à l’orchestre des concerts Pasdeloup depuis 2007. De l’autre côté, elle travaille avec des formations de jazz et de chansons. En 2005, Elle fait la rencontre du saxophoniste hongrois Yochk’o Seffer. Il lui dédie une sonate pour violoncelle seul. S’en suit l’enregistrement d’un disque avec celui-ci et le percussionniste Mino Cinélu , «Zao Family», suivi d’un deuxième en 2008, réunissant le classique et le jazz, «Neffesh music». Elle se produit avec la chanteuse quebecoise Elise Velle, le chanteur sénégalais Wasis Diop et le groupe «Moi». Sa curiosité la pousse aussi vers le théâtre, elle participe ainsi au «Prince des corbeaux» », écrit et mis en scène par Olivier Morençais.
L’ouverture musicale est pour elle une source constante d’inspiration, de partage et de renouveau.
(www.myspace.com/mariegremillard)
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Les Lois de l'hospitalité, de Buster Keaton |

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Dimanche 28 mars, 11h
Les lois de l'hospitalité (Our Hospitality), de Buster Keaton et Jack Blystone
Avec Buster Keaton, Natalie Talmadge, Jos Roberts, Joe Keaton...
Les clans Canfield et McKay sont rivaux. Lors d'une fusillade, les deux chefs de famille sont tués et la veuve McKay part alors du village pour New York avec son bébé. Vingt années plus tard, Willie McKay rencontre Virginie Canfield dans un train et accepte son invitation à dîner chez elle. Tant que Willie reste dans la maison des Canfield, les lois de l'hospitalité interdisent à ses ennemis jurés de faire du mal à un invité, mais si Willie McKay venait à franchir le pas de la porte, personne ne répondrait de sa vie.
Accompagnement au piano : Fabien Touchard
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LE PIANISTE
Fabien Touchard commence ses études musicales à l’E.N.M de Boulogne sur Mer, où il obtient une Médaille d’Or en piano. Après avoir obtenu son baccalauréat scientifique mention TB, il décide de se consacrer pleinement à la musique.
Il intègre alors le C.N.R de Paris où il étudie chez Billy Eidi. Il y obtient un 1er Prix en piano, ainsi que les D.E.M de piano et d’écriture. Il devient à la même époque lauréat de la fondation FLAME (catégorie jeune soliste).
Entre 2006 et 2010, il est admis à cinq reprises consécutives au C.N.S.M de Paris, successivement dans les classes supérieures d’écriture, d’analyse, d’improvisation, d’orchestration, et enfin d’accompagnement (à l’unanimité). Il y a déjà obtenu 4 prix et y poursuit ses études actuellement.
En tant qu’improvisateur, il se produit au cinéma le Balzac, au festival V. Planchon à Boulogne sur Mer, au festival des Lisztomanias à Chateauroux, au festival des idéo de la Bellevilloise à Paris, aux portes ouvertes du C.N.S.M...
Compositeur, il étudie également à l’université Paris-Sorbonne où il poursuit un cursus d’étudiant-chercheur en Musicologie.
REVUE DE PRESSE
Une lutte ancestrale oppose les clans Canfield et McKay. Au cours d'une fusillade, les deux chefs de famille sont tués. La veuve McKay quitte sa campagne et emmène son bébé à New York.
Vingt ans ont passé. Willy McKay est convoqué pour prendre possession de l'héritage familial. Au cours d'un voyage mouvementé en Chemin de fer, il rencontre Virginia Canfield. Il accepte innocemment l'invitation qui le conduit chez les ennemis mortels du clan McKay. Provisoirement protégé par les lois de l'hospitalité, il s'échappe du domaine des Canfield en se déguisant en domestique. Au cours d'une poursuite mémorable, il tombe dans la rivière. Un courant violent l'entraîne.
Virginia, venu à son secours, était également happée par les eaux tumultueuses qui descendent vers une impressionnante cascade. Après un sauvetage accrobatique, ou le mécanisme du hasard joue un rôle déterminant, Virginia et Willy rejoignent la maison des Canfield. Ils ont eu le temps de se marier, ce qui met un terme final à l'hostilité meurtrière des deux familles.
L'histoire est inspirée de faits réels. Des démêlés spectaculaires avaient opposé les familles Hatfield et McCoy, devenues dans la fiction les familles Canfield et McKay. Les noms propres sont à peine déguisés.
Tournée dans les paysages impressionnants qui entourent le lac Tahoe et la rivière Truckee, le film avait un petit air de famille. Le rôle principal féminin était tenu par Natalie Talmadge-Keaton, et son bébé Joseph Keaton-Talmadge faisait une brève apparition dans la séquence qui sert de prologue. Joe le père de Buster Keaton était également présent dans le rôle du conducteur de train. Pour incarner le vieux Canfield, Buster Keaton fit appel à un ami de la famille, Joe Roberts, qui mourut tout de suite après le tournage.
Pour l'une des scènes les plus spectaculaires du film, Keaton fit construire le décor d'une chute d'eau qui fut placé au-dessus d'une piscine. Quatre tuyaux de 16 centimètres de large partaient de la piscine et un système de grosses pompes envoyait l'eau pour animer le décor. Le souci de perfection poussa Keaton à consulter les archives pour se documenter sur les types de trains qui circulaient en 1831. Il choisit de faire reconstituer la " Stéphenson Rocket " en précisant qu'elle ne serait drôle que si elle était vraie. Source : Ciné-Club de Caen
Les lois de l’hospitalité est le second long métrage de Buster Keaton. Profitant d’une certaine vogue pour ce type d’histoires, il prend pour base une querelle entre deux familles qui eut lieu au siècle précédent et qui fit plusieurs morts. D’une histoire à priori tragique, il va faire un grand film comique où il interprète un jeune homme qui revient dans son village natal et qui va être pourchassé par les membres d’une famille rivale. Après un court prologue, l’humour est constamment présent par petites touches. Passionné par les trains, Buster Keaton a reconstitué un trajet en train de 1830. Si beaucoup d’éléments sont assez farfelus (l’humour joue beaucoup avec les rails), la réplique de la locomotive et des wagons est quant à elle minutieuse. Le voyage est en tout cas pittoresque… L’autre moment fort du film est la scène dans les rapides où Buster Keaton prit (comme toujours) des risques insensés. Le résultat est, il est vrai, franchement spectaculaire. Natalie Talmadge était alors la femme de Keaton, le bébé du début du film est le leur et le mécanicien de la locomotive est Jo Keaton, le père de Buster. L’ensemble est à la fois amusant, charmant, bucolique, époustouflant. Les lois de l’hospitalité est indéniablement à ranger parmi les tous meilleurs films de « l’homme qui ne rit jamais ».
Source : Blog Cinéma « L’œil sur l’écran »
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Le Pirate noir, d'Albert Parker |

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Dimanche 13 juin, 11h
Le Pirate noir, d'Albert Parker (1926, 88')
Avec Donald Crisp, Billie Dove, Douglas Fairbanks
Accompagnement musical :
Fabien Touchard (piano) et invité
Un jeune homme veut venger la mort de son père, tué par une bande de pirates. A cette fin, il s'infiltre dans le groupe et se fait passer pour l'un des leurs, sus le nom de Pirate noir. Il participe alors à l'attaque d'un navire et sauve une princesse...
Premier film en technicolor bichrome, magnifiquement restauré, avec un bondissant Douglas Fairbanks !
Copie : Lobster Films
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Un débris de l'empire, de Friedrich Ermler |
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Mardi 15 juin, 20h30
Un débris de l’Empire (L’Homme qui a perdu la mémoire), de Friedrich Ermler (URSS, 1929)
Prologue : c’est la guerre civile. Filimonov, ancien ouvrier, sous-officier, victime d’une grave commotion, perd la mémoire. Dix ans plus tard, l’amnésique travaille comme garde dans une petite station de chemin de fer. Un jour, Filimonov, par la fenêtre d’un train, voit sa femme : la mémoire lui revient. Il part aussitôt pour Saint-Pétersbourg, dans l’espoir de retrouver son épouse, Filimona, l’usine de textiles où il travaillait avant la guerre, son patron. Mais il ne reconnaît rien : ni les monuments, ni les mœurs, ni l’usine ne ressemblent à ses souvenirs. Son usine est maintenant dirigée par un grand nombre de personnes, et tous se moquent de ses étonnements : on lui dit que c’est lui maintenant, comme tous les autres, qui est le propriétaire de l'usine. Filimonov s’habitue peu à peu à cet état des choses. Puis il part à la recherche de sa femme, mais elle s’est remariée avec un travailleur culturel hypocrite. Filimonov s’en va.
Accompagnement au piano : Jean-Baptiste Doulcet
Copie : Cinémathèque de Toulouse
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Folies de femmes, d'Erich Von Stroheim (1921) |

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Mardi 28 septembre, 20h30
L'Orchestre National de Jazz (direction musicale Daniel Yvinec) revient au Balzac et improvise sur le film d'Erich von Stroheim, "Folies de femmes" (1922).
Accompagnement musical :
Avec Sylvain Daniel, Rémi Dumoulin, Matthieu Metzger,
Guillaume Poncelet, Eve Risser
>>> En savoir +
A Monte-Carlo, peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le comte Sergius Karamzin (Erich Von Stroheim) et ses deux ‘cousines’, les princesses Olga et Vera, mènent la belle vie dans une luxueuse villa. Il s’agit en fait d’un trio d’escrocs cyniques et libertins se faisant passer pour des aristocrates russes et plumant les gogos des casinos grâce à des faux billets fabriqués par le faux-monnayeur Ventucci. Arrivent alors dans la ville un ambassadeur américain et sa jolie femme, Helen. Karamzin entreprend de séduire l’épouse pour tenter de lui extorquer de l’argent. Il a aussi pour maîtresse sa femme de chambre, très jalouse, à qui il a promis le mariage et à qui il soutire également de fortes sommes…
Troisième film d'Erich von Stroheim et l'un de ses films majeurs. Démesure du personnage, démesure de la production (budget colossal, quatorze mille figurants, la première version du film faisait huit heures !)
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Faust, de F. W. Murnau (1926) |



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Lundi 13 décembre, 20h30
Le docteur Faust conclut un pacte avec Méphisto qui, en échange de son âme, lui garantit une jeunesse éternelle et lui donne l’amour… L’une des meilleures adaptations cinématographiques du mythe de Goethe.
Ce film sera accompagné au piano par Jean-François Zygel qui consacre cette année un cycle à l'oeuvre de Murnau.
>>> En savoir +
Attraction audiovisuelle en première partie de séance, autour du Karlax, nouvel instrument pour les arts numériques. Jean-François Zygel dialogue avec Philippe Geiss.
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Le Diable au coeur, de Marcel L'Herbier |







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Mardi 8 mars, 20h30
Le diable au cœur, de Marcel L’Herbier (1928)
Scénario : Lucie Delarue-Mardrus, Marcel L’Herbier
Assistant réalisateur : Claude Autant-Lara
Avec Betty Balfour, Jaque Catelain, Roger Karl, André Nox
Ce film était accompagné par Pierre Mancinelli (piano), David Mancinelli (violon) et Michel Peres (contrebasse).
La difficile histoire d’amour d’une jeune fille délurée, chef d’une bande d’enfants des rues, et d’un pêcheur pauvre mais honnête…
« Le Diable au cœur » rayonne de la présence de Betty Balfour, star anglaise proche du personnage de Mary Pickford. L’Herbier emploie ici – pour la première fois en France – la nouvelle pellicule panchromatique, qui restitue de nombreuses nuances de gris et met en valeur les splendides décors naturels (les vieilles rues d’Honfleur, la côte normande, l’océan déchaîné…).
Le scénario s’attache aux personnages et privilégie les scènes naturalistes teintées d’humour. Un très beau film, encore méconnu et à ne pas manquer.
Ce film rare de Marcel L’Herbier sera projeté dans une copie restaurée par les Archives Françaises du Film du CNC.
>>> En savoir +
Ludivine, fille étrange, souhaite que le père Leherg et son fils Delphin se noient. L'océan les engloutit mais Delphin est rejeté sur le rivage. Prise de remords, Ludivine recueille Delphin chez ses parents. L'amour naît entre les deux jeunes mais le père Bucaille, ivrogne, destine sa fille au tenancier d'une boîte : Lauderin. Ludivine s'imagine que Delphin la trahit, elle accepte de se fiancer à Lauderin. Mais l'amour est le plus fort…
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Mardi 6 décembre 2011
Cyrano de Bergerac, d’Augusto Genina (1923 - France-Italie – 116’)
Avec Pierre Magnier, Linda Moglie, Alex Bernard
Au XVIIème siècle, alors que la ville d'Arras est assiégée par les Français et les Espagnols, Cyrano, fringant poète, tombe amoureux de sa cousine Roxane. Mais gêné par son très grand appendice nasal, Cyrano n'ose pas avouer son amour pour la belle. Cette dernière se fait sa confidente et lui annonce son attirance pour le Baron Christian de Neuvillette, jeune soldat que Cyrano jure immédiatement de protéger. Devenu en secret l'auteur des lettres d'amour que Christian envoie à Roxane, Cyrano se meurt d'amour. Victime d'un complot, ce dernier est blessé gravement et rend visite à Roxane au couvent dans lequel elle vit depuis la mort de Christian sur le champ de bataille. Avant de succomber à ses blessures, Cyrano déclare sa flamme à la jeune femme interloquée...
La première adaptation au cinéma de la célèbre pièce d’ Edmond Rostand créée en 1897.
Une mise en scène tout en mouvement, de remarquables acteurs, et surtout la délicatesse et la splendeur des couleurs peintes au pochoir image par image.
Accompagnement musical : Giovanni Mirabassi (piano)
>>> En savoir +
Loin d'être une simple curiosité, cette version muette du chef d'oeuvre d'Edmond Rostand est une petite merveille. A aucun moment ou presque on ne souffre de ne pas entendre le merveilleux texte (les extraits en intertitres nous donnent furieusement envie de relire la pièce). La grande trouvaille du film réside bien sûr dans ses couleurs. La pellicule a été colorée au pochoir pendant trois ans avant que le film ne sorte ! Le pastel des costumes et décors est superbe et ajoute une poésie visuelle au romantisme de l'histoire.
La mise en scène elle-même emploie les grands moyens et les scènes de bataille sont particulièrement réussies. Pierre Magnier compose un Cyrano très crédible. En 1999, une musique originale a été composée par Kurt Kuenne. Elle est remarquable... Une oeuvre très, très rare à ne surtout pas manquer ! Philippe Serve
« S'il est un sujet aimé du public, c'est bien celui de Cyrano de Bergerac. Les aventures héroïques du Cadet de Gascogne, ses déboires amoureux auprès de sa belle cousine Roxane, les belliqueuses et téméraires sorties du siège d'Arras, enfin la mort si touchante du poète au long nez, tout cela a connu, grâce au génie d'Edmond Rostand, les innombrables applaudissements des publics de tous les pays, tant est grande l'admiration que soulève partout le panache.
Auguste Génina, le célèbre réalisateur italien, a adapté, il y a quatre ans, ce sujet épique et l'a porté à l'écran. Pour mener à bien cette ?uvre difficile, Génina pouvait prendre deux lignes de conduite bien différentes : ou suivre pas à pas... ou plutôt vers à vers, l'oeuvre de Rostand, et, dans ce cas, conserver à son film une atmosphère théâtrale inévitable, ou bien s'éloigner du chef d'oeuvre littéraire en ne s'inspirant que des événements épiques et de l'action du drame.
Genina s'est décidé pour la première alternative. Le film, surtout ses trois premières parties, suit visiblement de très prés, tant par les tableaux que par les gestes, la pièce d'Edmond Rostand. J'ai trouvé les scènes du siège d'Arras et du voyage dans la Lune particulièrement réussies ; la cinquième partie, représentant la mort de Cyrano, est profondément émouvante. L'interprétation, en tête de laquelle figure Pierre Magnier, a été fort habilement choisie. Cyrano de Bergerac, qui aurait pu nous être présenté trois ans plus tôt, fera certainement une longue et fructueuse carrière. L'histoire légendaire du Cadet de Gascogne possède tant d'admirateurs qu'il n'en est pas un qui ne voudra aller admirer les exploits héroïques du poète gentilhomme gascon, de Christian le timide et de Roxane la belle précieuse ». Jean de Mirbel, Cinémagazine, n° 44, 2 novembre 1923
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The Lodger, d'Alfred Hitchcock |




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Mardi 31 janvier 2012
Le film d'Alfred Hitchcock sera accompagné au piano par Karol Beffa.
The Lodger
A Story of the London Fog
Réalisé par Alfred Hitchcock en 1926
Scénario Eliot Stannard d’après le roman The Lodger, de Marie Belloc Lowndes (1913)
Avec Ivor Novello, June Tripp, Malcolm Keen, Mary Ault, Arthur Cherney
À Londres, l'« Avenger », un tueur en série assassine des jeunes femmes blondes, dans le style de Jack l'éventreur.
Un homme à l'air mystérieux se présente pour louer une chambre chez Mr et Mrs Bunting. Daisy, leur fille blonde comme les victimes du tueur, s'éprend de l'étrange locataire. Joe, le petit ami de Daisy, est le détective chargé de l'affaire. Il devient jaloux du locataire et le soupçonne d'être l'Avenger…
Dans son entretien avec François Truffaut, Hitchcock considère que c'est son premier vrai film
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Crainquebille, de Jacques Feyder (1922) |




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Mardi 29 mai à 20h30
Crainquebille, de Jacques Feyder (1922 - France - 65’)
Avec Maurice de Féraudy, Félix Oudart, Jean Forest, Marguerite Carré
Accompagnement musical : Stéphan Oliva (piano)
CRAINQUEBILLE
France 1922
COMEDIE DRAMATIQUE
Série : CLASSIQUES DU CINEMA FRANCAIS
Réalisation : Jacques FEYDER
Avec : Maurice de FERAUDY, Félix OUDART, Jeanne CHEIREL, Jean FOREST, Marguerite CARRE, Armand NUMES, Françoise ROSAY
Le vieux père Crainquebille est un marchand de quatre-saisons estimé dans le quartier des Halles. Le malheur s’abat sur lui le jour où un agent de la circulation croyant avoir été insulté, l’arrête, l’envoie en correctionnelle où il est condamné à une peine de prison. A sa libération, ses anciens clients lui tournent le dos. Crainquebille traîne sa misère, essaie vainement de retourner en prison, seule la gentillesse du jeune “la Souris" lui redonne un peu d’espoir et le goût de vivre.
Muet sonorisé N & B 75'35
>>> En savoir +
Jacques Feyder
De 1915 à 1917, il tourne 15 films pour la Gaumont, généralement comiques, dont trois à partir de scénarios de Tristan Bernard. En 1919, le premier film de sa composition, La Faute d'orthographe passe inaperçu. Il s'impose deux ans plus tard avec L'Atlantide (1921), d'après un roman de Pierre Benoît. Jacques Feyder témoigne d'une grande inventivité dans son utilisation des moyens d'expression du muet. Son talent culmine avec Crainquebille en 1922 où il réussit à traduire sans l'aide du son toutes les nuances d'un récit populaire adapté du roman d'Anatole France. Il est l'auteur de quelques belles séquences dans L'Image (1924) et Carmen (1926) bien que ces deux films connaissent un succès limité. Après une adaptation du roman d'Emile Zola Thérèse Raquin (1928), où Jacques Feyder sait restituer l'atmosphère du Paris de la fin du XIXe siècle, la MGM propose au réalisateur de diriger Greta Garbo dans Kiss (Le Baiser, 1929), un des derniers muets réalisés à Hollywood. Il réalise les versions allemande et suédoise du premier parlant de la firme : Anna Christie (Clarence Brown, 1930). Revenu en France, il réalise Le Grand jeu (1934), puis Pension mimosas (1935) et s'affirme comme le fondateur du réalisme poétique. En 1935, Jacques Feyder réalise une oeuvre très controversée sur l'occupation espagnole en Belgique au XVIIe siècle. S'il reste le film le plus abouti du réalisateur, La Kermesse héroïque est accueilli lors de sa sortie en salle dans les milieux flamands par des sifflets, des lancers de tomates et des destructions de fauteuils. A l'image de son univers cinématographique, dominé par l'ambivalence des êtres et des lieux, Jacques Feyder tourne au cours de sa carrière dans douze pays différents : il dirige en Angleterre Le Chevalier sans armure (avec Marlene Dietrich en 1937) puis en Allemagne Les Gens du voyage (1938). Après les plans sahariens de L'Image et de L'Atlantide, il démontre une dernière fois sa maîtrise de la peinture des grands espaces avec La Loi du nord en 1939. Il réalise son dernier film en Suisse en 1942, Une femme disparaît. Trop rêveur et nonchalant pour sortir du réalisme poétique, ses derniers films sont des échecs commerciaux et critiques.
(source : Ciné-Ressources)
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Au bonheur des dames, de Julien Duvivier |




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Jeudi 18 octobre 2012 à 20h30
Au bonheur des dames, de Julien Duvivier (France, 1930)
D’après le roman d’Emile Zola
Avec Dita Parlo, Pierre de Guingand, Germaine Rouer
Accompagnement musical : Karol Beffa (piano)
Remerciements : Lobster Films
>>> En savoir +
Au bonheur des dames
Un film de Julien Duvivier (1930)
Comédie dramatique d’après le roman d’Emile Zola
Production : FILM D’ART / VANDAL ET DELAC
Avec : Dita PARLO (Denise Baudu), Pierre de Guingand (Octave Mouret), Germaine ROUER (Madame Desforges), Ginette MADDIE (Clara), Armand BOUR (Baudu)
Denise, une jeune provinciale, débarque à Paris pour travailler dans la boutique de draperies de son oncle Baudu. Vieillotte et poussiéreuse, celle-ci fait face à l’étincelant «Bonheur Des Dames», un grand magasin en pleine ascension dirigé par l’ambitieux Octave Mouret. Fuyant, non sans remords, la morne ambiance du commerce familial, Denise parvient à s’y faire embaucher comme vendeuse. Elle découvre l’univers trépidant d’un temple de la modernité, mais aussi la dureté des conditions de travail, les assiduités brutales du chef du personnel, la haine de certaines collègues. D’emblée, elle est aussi remarquée par Mouret...
La version originelle muette est présentée à la profession le 24 mars 1930. Le film sort en salle dans une version sonorisée le 3 juillet. Seule la première version, muette, survit aujourd’hui. Le monde change sans nostalgie avec les grands magasins comme cathédrales de temps moderne et une mutation qui laisse sur le carreau les petits métiers d’autrefois. Zola s’est inspiré de Auguste Heriot, co-fondateur des Grands magasins du Louvre dont il fait un homme moderne sans scrupule mais non sans charme. Duvivier transpose ce Paris en pleine mutation dans les années 20 où la mécanisation accentue encore la modification des rapports sociaux et l’émergence de ce monde meilleur tant attendu et que la caméra exalte avec ses travellings vertigineux et son dynamisme qui plonge dans la foule ou au coeur du trafic.
Duvivier utilise les décors des galeries Lafayette. L’extérieur de l’immeuble est filmé avec le procédé «mach shot», conçu par l’anglais Percy Day qui consiste à filmer, pour une partie du décor, un modèle réduit haut de quelques centimètres.
La fin, fleur bleue, avait été choisie par Zola. Elle est reprise par Duvivier.
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Noces à Hardanger, de Rasmus Breinstein |

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Mardi 20 novembre 2012 à 20h30
Noces à Hardanger, de Rasmus Breistein (Norvège, 1926)
Accompagnement musical : Jean-Philippe Feiss (violoncelle), David Potaux-Razel (guitare), Théo Girard (contrebasse)
En partenariat avec le Festival d’Anères
Remerciements : Norsk Filminstitutt
>>> En savoir +
Noces à Hardanger(Brudeferden i Hardanger)
de Rasmus Breistein
(1926 / Norvège / 1h17)
Synopsis
Marit Skjølte ne choisit pas, comme Anders Bjåland, de partir chercher fortune en Amérique. Celui-ci a promis à Marit de l’épouser quand il rentrera, dans deux ans. Alors qu’elle était sans nouvelle d’Anders depuis quatre ans, Marit découvre qu’il est revenu et qu’il doit épouser la riche héritière d’une ferme de la ville...
Source : Festival d'Anères
Brudeferden i Hardanger fut réalisé en 1926 par Rasmus Breistein et projeté en première à Oslo en décembre de la même année. Connu comme le père d’une « nouvelle vague » dans le cinéma norvégien, Breistein est beaucoup plus qu’un héraut du cinéma national. Rigoureux directeur d’acteurs, possédant un sens exceptionnel de la composition, il était connu pour ses recherches stylistiques. Sa curiosité vis-à-vis des développements techniques du cinéma l’incita à faire plusieurs voyages aux États-Unis et ses films constituent un exemple exceptionnel de l’influence du cinéma américain sur le cinéma européen des années 20.
Source : Journal of Film Preservation, n°76, 2008
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Docteur Mabuse, le joueur (2e partie) |

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Mardi 5 février à 20h30
Docteur Mabuse, le joueur
Inferno, une pièce sur les hommes de ce temps (2de partie)
de Fritz Lang (Allemagne, 1922)
Improvisation : Orchestre National de Jazz (dir. artistique Daniel Yvinec)
Acoustic Mabuse avec Sylvain Bardiau (trompette, bugle), Rémi Dumoulin (saxophone ténor, clarinettes), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto, clarinettes), Eve Risser (piano, piano préparé), Yoann Serra (batterie).
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Mardi 19 février à 20h30
City Girl
de F. W. Murnau (Etats-Unis, 1930)
Avec Charles Farrell, Mary Duncan
Improvisation au piano : Jean-François Zygel
L'Intruse (City Girl) est un film américain du réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau, sorti en 1930.
Un jeune paysan (Charles Farrell), dominé par un père autoritaire, se rend en ville pour vendre du blé, mais il revient avec une jeune épouse (Mary Duncan).
Celle-ci voulait fuir l'ambiance de la ville, mais elle se heurte à la méfiance du patriarche et découvre la fragilité et la faiblesse de son mari qu'elle tente de sortir de sa coquille. Elle devient vite l'enjeu d'une lutte entre les deux hommes…
>>> En savoir +
Réalisé en 1929, mais sorti en 1930, City Girl est l'avant-dernier film de Murnau. La sortie retardée du film est due à un certain nombre de facteurs, qui ont également poussé le metteur en scène à quitter les studios de la Fox, avec lesquels il était en contrat depuis 1927, et à fuir Hollywood. En 1929, Murnau n'est plus en odeur de sainteté après l'accueil plutôt réservé du public envers son film L'Aurore de 1927.
William Fox va progressivement accentuer son implication dans les films de Murnau, étant très présent aux côtés de ce dernier lors du tournage des Quatre diables ; de plus, les prétentions de Murnau, qui avait l'intention de renouer avec ses drames paysans de 1922/1923 (Terre qui flambe ou le film perdu Die Austreibung) et souhaitait tourner un drame lyrique autour de l'importance du blé, qu'il aurait appelé Our Daily Bread, ne sont pas à l'ordre du jour. Désormais le cinéma parle, et les films se tournent plus facilement en studio ou en intérieurs. Sous surveillance, Murnau tourne malgré tout son film, rebaptisé City Girl, avec les deux acteurs principaux d'un autre film Fox de l'époque (La Femme au corbeau, 1928, sorti en 1929), dont le studio s'attend à ce que le public souhaite les revoir ensemble.
Proche de L'Aurore mais aussi du cycle de grands films lyriques de Frank Borzage, tant par la distribution et la cinématographie (Ernest Palmer est l'un des grands chef-opérateurs de la Fox de l'époque, et a participé à L'Heure suprême, L'Ange de la rue et La Femme au corbeau, tous de Borzage) que par le souffle lyrique et le symbolisme, L'Intruse, malgré ses qualités, souffre d'apparaître à l'époque ou tout ce qui vient du muet était mal vu, moqué, et probablement de la déception du public devant les deux précédents films du metteur en scène. De plus, il est trop dramatique pour un public alors avide de divertissement léger (les comédies musicales font plus facilement passer la Grande Dépression) que de symbolisme paysan ; de plus, le public préférait voir Charles Farrell en duo avec sa partenaire d'élection, Janet Gaynor.
À l'instar des grands drames allemands de Murnau, le film est marqué par le parallèle entre une situation conflictuelle et un enjeu amoureux, celui-ci étant plus marqué que dans Terre qui flambe ou Phantom. Murnau rééquilibre le parallèle, peut-être pour satisfaire aux exigences de la production, ou encore pour profiter de la complicité entre ses deux acteurs. Face à eux, on peut remarquer Guinn Williams, un acteur qui joue souvent les grandes brutes dans les films Fox de l'époque (Lucky Star). Le reste du casting est surtout formé d'acteurs peu connus et est dominé par David Torrence dans le rôle du père de Charles Farrell.
Lorsqu'il achève le tournage, Murnau se voit déposséder de sa version, Fox souhaitant y ajouter des séquences parlantes, une démarche à laquelle Murnau se refusait. Il sort en 1930, en deux versions : la version remaniée, parlante, fut désavouée par l'auteur, alors que la version muette était diffusée en parallèle pour toutes les salles pas encore équipées pour la projection de films sonores.
Suite au conflit autour de ce film, Murnau quitte Hollywood pour Tahiti, où il tournera Tabou.
Source : Wikipédia
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Le monde magique des contes russes |
Etudes sur Paris, d'André Sauvage |




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Mardi 15 octobre à 20h30
Etudes sur Paris, d'André Sauvage (France, 1928)
Musique composée par Baudime Jam
Accompagnement musical : Quatuor Prima Vista
>>> En savoir +
Paris à la fin des années 1920 est une ville aux visages multiples, ô combien vivante. On y arrive en péniche, par les canaux qui rejoignent la Seine et où s’acharnent des milliers d’ouvriers. De l’Opéra à la butte Montmartre, au rythme des monuments historiques, la traversée de la capitale donne à voir une foule changeante. La promenade se prolonge sur les boulevards qui bordent les fortifications, puis à nouveau au fil de l’eau entre les quais animés des îles de Paris, pour s’achever au coeur du Quartier latin…
Mais par-delà le témoignage esthétique d’un regard d’artiste sur une ville que la distanciation nous fait apparaître en 2012 avec une aura de nostalgie, il reste la pertinence intemporelle de son observation des hommes, des femmes et des enfants qui croisent son objectif. Paris est avant tout une ville humaine : on y travaille sans relâche sur les quais et dans les rues, on s’y déplace comme dans une ruche (modernité et omniprésence des moyens de transports), on y joue (Sauvage porte sur les enfants un regard plein de tendresse), on y flemmarde (le clochard est un personnage leitmotiv du film), on s’y rencontre avec ses voisins, on s’y recueille dans les austères et immuables sanctuaires de la foi, on y croise des artistes (peintres, mais aussi musiciens et acteurs par procuration derrière les murs de l’Opéra et des cinémas), et les couples amoureux s’y font et s’y défont au fil d’une carte du tendre aux chemins entrelacés.
À l’occasion de la sortie DVD de la version restaurée de ce film en 2012, Carlotta Films a commandé à Baudime Jam et au Quatuor Prima Vista la création d’une partition originale. Pour sa première incursion dans l’univers très spécifique du documentaire, le compositeur a imaginé un univers musical empreint d’une poésie «à la française», teintée de nostalgie, mais aussi ponctuée de rythmes jazzy évoquant les Années Folles. La douce monotonie des écluses, l’effervescence des grands boulevards, la mélancolie des terrains vagues, l’élégance des beaux quartiers, le mystère des canaux souterrains, l’incessant ballet des trains, des voitures et des rames de métro, le paisible cheminement de la Seine ponctué d’îlots, le riche foisonnement intellectuel et artistique, l’imposante et sévère présence de Notre-Dame, et la magie tendre de l’enfance : toutes ces nuances se retrouvent au fil d’une partition qui se met fidèlement au service d’un film qu’elle met en valeur avec un sens poétique inné
Membre de l'Union des Compositeurs de Musique de Film (UCMF) Baudime Jam a composé plusieurs musiques de longs métrages muets (Le Mécano de la Générale, Le Pirate noir, Nosferatu, Les deux Orphelines, La Divine, Deux Étoiles dans la voie lactée) et de courts métrages (La Maison hantée, Voyage autour d'une étoile, Au royaume de l'air, Le Rhône, etc.).
C’est le Quatuor Prima Vista qui accompagnera la projection du film. Premier quatuor à cordes à avoir inscrit des ciné-concerts à son répertoire, et un des rares ensembles à accompagner des films muets sur des partitions originales, le Quatuor Prima Vista, fondé en 1997, s'est produit avec succès dans de nombreux festivals en France, en Europe (Espagne, Italie, Russie, Pologne, Allemagne, Angleterre) et Outre-Mer (aux États-Unis et jusqu'en Afrique).
L'occasion, donc, de redécouvrir Paris avec un autre regard, tout en faisant l’expérience d’une séance de cinéma au temps héroïque du muet, à des années lumières de la Dolby et du THX : un véritable spectacle vivant qui associe découverte du patrimoine cinématographique et création musicale.
> le Quatuor Prima Vista
Elzbieta Gladys : violon 1
Benjamin Fabre : violon 2
Baudime Jam : alto
Frédéric Deville : violoncelle
La partition des «Études sur Paris» a été composée du 8 au 21 juillet 2012 à Augères (Creuse) et enregistrée les 27 et 28 juillet 2012 au studio Hakesound (Romainville). Le DVD est sorti le 10 octobre 2012 et le ciné-concert a été créé le 17 novembre 2012 à Orléans où sont conservées des archives d’André Sauvage, et en présence de la famille du réalisateur.
site internet : http://quatuorprimavista.online.fr
> Extraits de presse
« Un pur moment de bonheur : difficile de mettre des mots sur la prestation du Quatuor Prima Vista qui a donné un ciné-concert époustouflant. Une performance artistique, un spectacle exceptionnel. »
- Caroline Musquet, Le Journal de Saône et Loire
« Des musiciens virtuoses, en totale empathie avec l'histoire et les personnages. Une vraie performance. »
- Emmanuel Daligand, Le Journal de Saône-et-Loire
« Les musiciens ont magnifié le lyrisme de l'image dans ses nuances mélodramatiques et épiques, redonnant littéralement vie au film. Prima Vista fait chanter le silence. »
- Julie Ho Hoa., La Montagne
« Les musiciens ont envoûté le public [...] par un accompagnement musical original de haute qualité. La partition de Baudime Jam, caractérisée par son unité stylistique, colle idéalement à l'image. »
- Jérôme Tati, La Montagne
« Le meilleur accompagnement de film muet qu’il m’ait été donné d’entendre. »
- Lisa Nesselson, Variety
« Un accompagnement superbe. »
- Beata Was, Gazeta Olsztynska
« Divisé par une profusion de flèches à l'arc de son génie, Baudime Jam m'apparaît tel l'un de nos plus grands espoirs. Rares sont les musiques qui me touchent davantage que son lyrisme intimiste. »
- Jean Alain Joubert, Les Amis de la Musique Française
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Mardi 20 mai à 20h30
Tabou, de F. W. Murnau et R. Flaherty (Etats-Unis, 1931) sera accompagné par Christine Ott (piano, ondes Martenot).
>>> En savoir +
Dans l’île de Bora-Bora, un jeune pêcheur de perles, Matahi, et une merveilleuse jeune fille, Reri, Sur l’île de Bora Bora, la jeune et jolie Reri est choisie pour incarner une divinité. Elle est donc déclarée « tabou », c’est-à-dire qu’aucun homme ne doit la regarder comme une femme. Elle s’enfuit avec le jeune pêcheur dont elle est amoureuse… Tabou est issu de la rencontre de deux grands créateurs : Robert Flaherty qui a donné au documentaire ses lettres de noblesse au cinéma depuis Nanouk l’esquimau, 10 ans auparavant, et Friedrich Wilhelm Murnau, le réalisateur d’origine allemande, l’un des plus talentueux du cinéma muet. Tabou est tourné entièrement sur les lieux-même de l’action, avec les autochtones jouant leur propre rôle, deux pratiques extrêmement rares à l’époque. Au grand dam de Flaherty, Murnau sait parfaitement introduire une belle et forte histoire d’amour sur ces images de paradis naturel encore intact de toute civilisation moderne. Les images, de Floyd Crosby, sont très belles ce qui donne au film une grande dimension poétique. Tabou Malgré le drame qui se noue devant nos yeux, il se dégage de Tabou beaucoup d’innocence, d’insouciance, une impression de nature à l’état brut, de paradis. Tabou fut un grand succès. Ce fut hélas le dernier film de Murnau : quelques jours avant la première, le réalisateur perdait la vie dans un accident automobile en Californie. (source : blog L’oeil sur l’écran)
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Aelita, de Yakov Protazanov (URSS, 1924) |

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Jeudi 19 juin 2014 à 19h30
Le film était présenté par Serge Bromberg et accompagné par Aidje Tafial (composition, batterie), Mauro Gargano (contrebasse), David Venitucci (accordéon), Xavier Bornens (trompette).
Après le ciné-concert, les spectateurs quittent le Balzac avec un panier-dégustation et descendent les Champs-Elysées en direction du Grand Palais, pour la visite de l'installation réalisée par Ilya et Emilia Kabakov dans le cadre de Monumenta 2014.
Tarif normal 27 euros - Moins de 26 ans 24 euros.
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Mardi 30 septembre 2014 à 20h30
Les Ailes (Wings), de William Wellman, avec Clara Bow, Charles Rogers, Richard Arlen, Jobyna Ralston, Gary Cooper
Oscar du meilleur film en 1927
Accompagnement musical :
Quatuor Prima Vista
Elzbieta Gladys, violon 1
Amélie Paradis, violon 2
Baudime Jam, alto
Frédéric Deville, violoncelle
Matthias Champon, trompette
Patrick Baudin, percussions
Deux jeunes gens – l’un est riche, l’autre non – sont amoureux de la même femme. Ils se retrouvent tous les deux pilotes de chasse pendant la première guerre mondiale.
>>> En savoir +
Nouvel horizon pour le Quatuor Prima Vista et son compositeur attitré, Baudime Jam : le film de guerre hollywoodien à grand spectacle.
Jack Powel est un jeune homme passionné de sport mécanique. Sa voisine, Mary Preston, est follement amoureuse de lui mais il ne lui prête aucune attention car il est amoureux de Sylvia, elle-même amoureuse du fortuné David Armstrong. Quand les États-Unis s’engagent dans la Première Guerre Mondiale, Jack et David rejoignent l'Air Force pour combattre en France, et c’est dans ses conditions qu’ils se lient d’amitié. Mary, quant à elle, rejoint la Women's Motor Corp afin de se rapprocher de Jack...
La bataille de Saint-Mihiel, dans la Meuse, où les troupes américaines ont été fortement engagées en 1918, forme la toile de fond du scénario.
Savant mélange de mélodrame et de grand spectacle, «Les Ailes» est le dernier grand film de l’ère du muet ; il est également le premier à avoir obtenu l’Oscar du Meilleur film. De même que Douglas Fairbanks a définit la grammaire du film de cape et d’épée, William Wellman a donné ses lettres de noblesse à un genre appelé à devenir incontournable dans les salles obscures : le film de guerre. La prouesse des scènes de combats et les chorégraphies aériennes spectaculaires confèrent à ce récit d’amitié, d’amour, de fraternité et d’héroïsme un authentique souffle épique.
Wellman joue ici sa carrière et on assiste là, indéniablement, à l'éclosion d'un immense cinéaste, pas seulement en raison de sa capacité à maîtriser une mise en scène souvent complexe, mais aussi par le soin qu’il apporte aux scènes intimistes dont les plus tragiques sont traitées avec la pudeur d’un homme qui a lui-même été au combat comme aviateur.
En 1997, "Les Ailes" a été désigné « culturellement, historiquement et esthétiquement signifiant » par la Bibliothèque du Congrès et sélectionné pour préservation au National Film Registry.
Seul quatuor à cordes à avoir inscrit des ciné-concerts à son répertoire, et un des rares ensembles à accompagner des films muets sur des partitions originales, le Quatuor Prima Vista s’est produit avec succès depuis quinze ans dans de nombreux festivals en France, Espagne, Italie, Russie, Pologne, Allemagne, Angleterre, aux États-Unis et jusqu'en Afrique.
Afin de restituer le caractère héroïque et hollywoodien de ces aventures aériennes, le Quatuor Prima Vista a choisi de revêtir des couleurs symphoniques en accueillant dans son cercle le trompettiste Matthias Champon, de formation classique, et le percussionniste Patrick Baudin, issu du jazz.
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Archives de la Grande Guerre |





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Lundi 17 novembre 2014 à 20h30
« La grande guerre », un programme d’archives de l’ECPAD accompagnés par le Quatuor Prima Vista
"La femme française pendant la guerre" 1917
Réalisation : Alexandre Devarennes (30')
"Les enfants de France pendant la guerre" 1918
Réalisation : Henri Desfontaines (31')
"No man's land" 1915-1918, images du front réal (en partie) : Alfred Machin (29')
>>> En savoir +
D'août 1914 à novembre 1918, la France mobilise 8 700 000 soldats et marins. Cette saignée a notamment pour conséquence de séparer brutalement les hommes des femmes et de leurs enfants. Chacun, chacune doit reconsidérer son destin et réinventer son quotidien : survivre, certes, mais vivre aussi et malgré l’horreur.
À la ville, à l’usine, aux champs, les femmes réinvestissent les territoires laissés en friche : leur mobilisation est exemplaire. Mais leur contribution ne se limite pas à l’effort de guerre : elles apportent le réconfort, la joie et l’espérance, tout en préparant l’avenir.
Et les enfants ? Plus souvent livrés à eux-mêmes que d’ordinaire, ils miment cette guerre dont les échos leur parviennent si peu déformés. En feuilletant le livre animé que son papa en permission lui a offert, la petite Micheline découvre le quotidien de ses congénères au temps de la mobilisation générale.
Mais là-bas, à l’est, il y a une autre réalité : le front. Des hommes. À peine des hommes. Des ombres qui rampent dans une boue d'acier, d'os et de sang sous un ciel invisible déchiré d'éclairs assourdissants. Mains crispées griffant le vide, hurlements muets, têtes éviscérées, pieds enracinés dans la terre nourricière. Images fulgurantes. Étrangement belles.
Grâce à l’ECPAD*, qui nous a ouvert ses précieuses archives, nous vous invitons à découvrir la Grande Guerre à travers le regard des hommes, des femmes et des enfants qui l’ont vécu : portrait en triptyque d’une Humanité disjointe en quête de sens pour résister à l’indicible.
Baudime Jam
Alfred Machin, de son vrai nom Eugène Alfred Jean Baptiste Machin (né le 20 avril 1877 à Blendecques, mort le 16 juin 1929 à Nice) fut un cinéaste très prolifique avec plus de cent films à son actif. Reporter photographe de presse, Alfred Machin travaille un temps au journal L'Illustration. Il est ensuite recruté par la puissante firme Pathé, qui l'envoie en Afrique à partir de 1907. Il en rapporte des scènes filmées de chasse, des courts-métrages d'aventures et animaliers. Les scènes qu'il tourne de la vie des grands fauves font sensation. Au péril de sa vie, il n'hésite pas à recourir à des plans rapprochés. Il figure aussi parmi les pionniers de l'image aérienne. En décembre 1907, Machin quitte la France pour tourner dans la région du Soudan. Il en rapporte deux films : Chasse à l'hippopotame sur le Nil Bleu (1908) et Chasse à la panthère (1909). Il rentre en France en septembre 1908 et entreprend, quelques mois plus tard, toujours pour Pathé Frères, un deuxième voyage à travers l'Afrique. Via Alexandrie, le Caire et Khartoum, il remonte le Nil sur deux grandes felouques et, en mai 1909, l'expédition atteint le « coeur de l'Afrique ». Il rentre en France le 13 août 1909 et présente la première séquence d'images prises le long du Nil. Cette deuxième expédition a produit environ une vingtaine de films, répartis en 3 séries : Voyage en Afrique (8 films), Les grandes chasses en Afrique (6 films) et Voyage en Egypte (4 films). Certaines images de l'expédition servent également à composer une anthologie des documentaires, diffusée en 1910 et 1911, et un long métrage : Voyages et grandes chasses en Afrique. Mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale, il est l'un des quatre opérateurs fondateurs du Service cinématographique des Armées, et reporter photographe pour la maison Pathé, sous traitant au SCA. On lui doit ainsi des images de la bataille de Verdun. Il tourne également les images des tranchées françaises pour Coeurs du monde de D. W. Griffith. Il est l'un des rares cinéastes français dont les films ont manifesté des tendances progressistes avant la Première Guerre Mondiale ainsi qu’en attestent le court-métrage Au ravissement des dames et le mélodrame pacifiste Maudite soit la guerre. Après 1920, Alfred Machin se consacre notamment aux comédies animalières. Une de ses panthères le blesse gravement à la poitrine lors d'un tournage. Suite à cet accident, la santé du cinéaste décline. Il meurt en 1929 d'une embolie, après avoir achevé Robinson Junior.
Alexandre Devarennes, né Alexandre Durand, a vu le jour le 11 Juin 1887 à Paris, et il est décédé le 15 mai 1971 à Puteaux. Écrivain et réalisateur, on lui doit plusieurs moyens et longs métrages parmi lesquels La fille du garde-chasse (1912), Toinon la ruine (1913), La Goualeuse (1914), Trois familles (1918), Riquette se marie (1918), Riquette et le nouveau riche (1918), Vautrin (1919), et La femme de trente ans (1920). Il a réalisé La femme française pendant la guerre pour le compte de la Section photographique et cinématographique des armées (SPCA).
Réalisateur, acteur et scénariste, Henri Desfontaines, né Paul Henri Lapierre, a vu le jour le 12 novembre 1876 à Paris, et il est décédé à Paris le 7 janvier 1931. Sa carrière de réalisateur coïncide très exactement avec l’épopée du cinéma muet puisqu’il réalise son premier film en 1908 et son dernier en 1931, totalisant un corpus de près de 90 titres. Spécialiste des adaptations littéraire - Hamlet, Don Juan, L’Arlésienne, Falstaff, Le Romane de la momie, Shylock, Le Puit et le pendule, etc.), il s’est également consacré au genre historique (Olivier Cromwell, L’Assassinat d’Henri III, La Reine Margot, Jésus de Nazareth), au mélodrame, à la comédie et au feuilleton (L’Espionne aux yeux noirs, Belphegor). Il a également donné au répertoire patriotique quelques-uns de ses fleurons (La Marseillaise, Pour l’Alsace), et c’est pour le compte du Service Cinématographique des Armées qu’il a réalisé Les enfants de France pendant la guerre et La suprême épopée, un montage d’actualités de guerre.
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Mardi 2 décembre 2014 à 20h30
Un ciné-concert chanté avec le duo Catherine Vincent
The Tiger’s Coat, de Roy Clements (Etats-Unis, 1920)
Avec Tina Modotti, Lawson Butt..
Tina Modotti interprète une jeune mexicaine qui va usurper la place de sa maîtresse anglaise décédée, non par malhonnêteté mais par esprit de survie. L’ami américain qui l’accueille va tomber amoureux d’elle, la demander en mariage puis se rétracter en apprenant ses véritables origines…
Tina Modotti (1896-1942) était italienne (originaire d’Udine dans le Frioul). Elle fut ouvrière, actrice, photographe, puis révolutionnaire. Elle a quitté l'Italie pour les Etats-Unis, avant de s’installer au Mexique, puis de revenir en Europe, où elle séjourna à Berlin, Moscou et Madrid durant toute la guerre civile. Elle repartit au Mexique où elle mourut. Une vie passionnante et très engagée.
The Tiger’s Coat (1920) est le seul film que l'on conserve de la carrière hollywoodienne de Tina, il a été restauré par la Cineteca del Friuli.
>>> En savoir +
Après avoir sorti un album (Tina) consacré à Tina Modotti, le duo de musique Catherine Vincent basé à Marseille et formé de Catherine Estrade et Vincent Commaret a créé un ciné concert chanté autour du film The Tiger’s Coat. L'accompagnement musical du film est basé sur les chansons de l'album (en français, espagnol, italien et anglais), avec guitare électrique, harmonium indien et percussions. La plupart des dialogues sont chantés, ce qui est l’une des originalités de ce ciné-concert.
Voir la bande-annonce du ciné-concert : http://www.youtube.com/watch?v=QMB1QNOV4tQ
La première a eu lieu à la Cinémathèque de Tanger en septembre 2013.
Références
A propos de Tina Modotti
Paru dans Libération
http://www.liberation.fr/cahier-special/1999/07/26/un-mythe-sur-papier-redecouverte-dans-les-annees-70-modotti-a-ete-l-objet-de-nombreuses-et-inegales-_279682
Paru dans Télérama
http://www.telerama.fr/scenes/tina-modotti-photographe-au-reflex-social,72034.php
A propos de Catherine Vincent
Ce duo de chanson pop est formé de Catherine Estrade et Vincent Commaret.
Ils se sont rencontrés à Paris, mais c'est à Damas en Syrie où ils ont vécu 4 ans qu'ils ont commencé à faire de la musique ensemble. Depuis août 2004 ils sont installés à Marseille.
C’est en 2000, lors de la naissance de leur première fille, que Vincent écrit une chanson et demande à Catherine d'écrire des paroles en espagnol et de chanter avec lui. Ainsi commence leur collaboration musicale.
Catherine est née à Buenos Aires en Argentine, d'une mère chilienne et d'un père francolibanais. A huit ans elle quitte Buenos Aires avec sa famille pour s'installer à Palma, puis Madrid et Douala. Elle arrive seule à Paris en 1987 pour finir le lycée. Elle poursuivra ensuite des études d'histoire de l'art. En 1999, elle rencontre Vincent.
Vincent est né à Saint-Fons dans le Rhône. Il est franco-français, habite à Vaulx-en-Velin jusqu'à l'âge de neuf ans puis à Paris. Il commence à faire de la musique au lycée. Il joue de la guitare, chante et compose. En 1998 il produit un disque vincent team? c'est moi qui l'dis.
Des concerts suivent jusqu’à la rencontre avec Catherine et leur départ à Damas.
Sur scène :
Catherine : chant, basse et harmonium indien et Vincent : guitare(s) et chant
Discographie:
• Les contes de Malmousque (2014) conte musical jeune public (distrib. Victor Mélodie/absilone)
• Tina (2013) (distrib Musicast/absilone)
• Hansel & Gretel (2010) conte musical jeune public (distrib Musicast/absilone)
• L’hystoire d’Alba et Nur (2006) livre-disque, photos Dolorès Marat, Marseille
• Oscar Go (2004) conte musical jeune public de Christophe Daniel
• Cinq titres (2003) Syrie
• Le vilain petit canard (2003) conte musical jeune public
• vincentetcatherine (2002) La Cdthèque, Liban
• bala chawareb (2001) Syrie
Musique de film :
• Nuits blanches sur la jetée de Paul Vecchiali (2014) sortie prévue 2015 Shellac
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Body and Soul, d'Oscar Micheaux |

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8 décembre 2014 à 20h30
Body and Soul (Etats-Unis, 1924, 80')
Réalisation Oscar Micheaux
Avec Paul Robeson, Julia Theresa Russell, Lilian Johnson
Le film sera accompagné par le CARATINI JAZZ ENSEMBLE avec :
Patrice Caratini contrebasse et direction
André Villéger saxophones/clarinette
Matthieu Donarier saxophones/clarinette
Rémi Sciuto saxophones/flûte
Clément Caratini clarinettes
Claude Egea trompette
Pierre Drevet trompette
François Bonhomme cor
Denis Leloup trombone
François Thuillier tuba
Bastien Stil tuba
Alain Jean-Marie piano
David Chevallier guitare/banjo
Thomas Grimmonprez batterie
Sebastian Quezada percussions
Abraham Mansfarroll percussions
Inor Sotolongo percussions
>>> En savoir +
Tourné en 1925, éclairé par la présence de Paul Robeson, Body and Soul donne la mesure du génie du réalisateur Oscar Micheaux. Ce chef-d’œuvre méconnu a inspiré à Patrice Caratini une bande originale qui déroule l’héritage musical de la diaspora noire américaine (le blues, le jazz, la musique des caraïbes).
En prenant son essor au lendemain de la Grande Guerre, Hollywood invente une vision de l’Amérique dans laquelle les Noirs sont réduits à des stéréotypes dégradants. Quelques afro-américains viennent s’opposer à cette vision insultante. C’est le cas d’Oscar Micheaux qui s’impose rapidement comme le réalisateur noir le plus prolixe et le plus imaginatif. En quelques films brillants et militants, il brise les tabous sociaux, religieux et culturels imposés par la société anglo-saxonne. On y découvre les interrogations d’une société noire à la recherche de son identité, peinant à accepter sa part d’ombre sous le regard paternaliste de la société blanche.
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Mardi 20 janvier à 20h30
L’Homme à la caméra, de Dziga Vertov (URSS, 1929, 78’)
« Je suis l’oeil mécanique. Moi, machine, je vous montre le monde comme seul je peux le voir… » Le ciné-oeil de Vertov parcourt en toute liberté la ville d’Odessa et, ce faisant, invente le langage filmique. Grand classique du cinéma soviétique, L’Homme à la caméra ressort dans une magnifi que version restaurée en numérique 2K avec, pour la première fois, l’image plein cadre.
AU PIANO Nicolas Worms
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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Lundi 9 février à 20h30
Le Mécano de la « General », de Clyde Bruckman et Buster Keaton(États-Unis, 1926, 94’)
Johnnie (Buster Keaton, l’homme qui ne rit jamais) est le mécano de la locomotive appelée la « General ». Lorsque la guerre de Sécession éclate, il a bien du mal à choisir entre son train et Annabelle Lee, son deuxième amour. Comme il ne peut pas s’engager dans l’armée, Annabelle lui refuse son amour… Ce classique intemporel du burlesque est l’un des plus célèbres de son auteur et comporte de véritables scènes d’anthologie.
AU PIANO Axel Nouveau
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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La Passion de Jeanne d'arc |

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Mardi 10 mars à 20h30
La Passion de Jeanne d’arc,
de Carl Dreyer (Danemark, 1927, 100’)
Lors d’une journée qui résume toutes les phases de son procès, Jeanne, incarnée par la sublime et émouvante Renée Falconetti, oppose à ses juges le visage limpide et lumineux de l’innocence, de la détermination et de la foi. Elle répond aux questions mais elle est jugée d’avance...
Les gros plans, le mouvement lent et musical, la blancheur de l’image, la durée et l’harmonie des plans… La Passion de Jeanne d’arc est le chef d’oeuvre de Dreyer.
AU PIANO Inar Sastre
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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Lundi 13 avril à 20h30
Vive le sport, de Fred Newmeyer et Harold
Lloyd (États-Unis, 1925, 80’)
Harold (Harold Lloyd, l’homme aux lunettes d’écaille) est la risée du collège. Une victoire inattendue lors d’un match de foot lui permet d’améliorer grandement sa réputation…
Sorti en 1925, Vive le sport dépasse en audience et en recettes La Ruée vers l’or, sorti la même année, pourtant
l’un des plus gros succès de Charles Chaplin !
AU PIANO Thomas Ospital
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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Mardi 19 mai à 20h30
Gosses de Tokyo, de Yasujiro Ozu (Japon, 1932, 100’)
Comment des enfants, mécontents de l’attitude de leurs
parents, décident de faire une grève de la faim et de la parole… Tout l’univers d’Ozu est déjà présent dans cette
chronique sociale pleine d’humour et sous-titrée « un livre d’images pour adultes ». Wim Wenders a dit un jour des films d’Ozu : « Je vous parle des plus beaux films du
monde. Je vous parle de ce que je considère comme le paradis perdu du cinéma. À ceux qui le connaissent déjà,
aux autres, fortunés, qui vont encore le découvrir, je vous
parle du cinéaste Yasujiro Ozu ».
AU PIANO Thomas Lavoine
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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Lundi 15 juin à 20h30
J’accuse, d’Abel Gance (France, 1919, 166’)
Deux hommes d’un même village : l’un, Jean Diaz, est poète
et respire la joie de vivre ; l’autre, François Laurin, est une brute qui rend malheureuse sa femme, Edith, contrainte au mariage par son père. Jean et Edith tombent amoureux. La
guerre éclate. Edith est déportée en Allemagne comme toutes
les femmes de son village. Elle est violée par des soldats,
parvient à s’échapper et rentre chez elle. François, lui, meurt à la guerre. Quant à Jean, il devient fou, hanté par des visions macabres… J’accuse est une oeuvre majeure d’Abel Gance, un vibrant réquisitoire contre la guerre qui sera présenté dans une très belle version restaurée.
AU PIANO David Cassan
Ce ciné-concert est proposé dans le cadre d'un partenariat avec la classe d'improvisation au piano du CNSMDP, dirigée par Jean-François Zygel.
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Le premier marathon du ciné-concert |






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Vendredi 9 octobre à 20h
Le premier marathon du ciné-concert !
Vendredi 9 octobre à partir de 20h, le Balzac, cinéma art et essai qui a toujours ouvert largement ses écrans à la musique sous toutes ses formes, lance le premier marathon du ciné-concert !
Une grande soirée en trois parties au cours de laquelle les spectateurs découvriront de nombreux films muets accompagnés par une dizaine d’artistes musiciens. Il y aura des longs métrages, des courts, des très courts. Les musiciens improvisateurs, seuls ou à plusieurs, relèveront des défis et accompagneront tous les films, encadrés par une Madame Loyal de choc.
A 20h, la première partie sera un florilège de films burlesques sur la musique, avec toutes les grandes stars du muet (Laurel et Hardy, Charlot, Buster Keaton, Georges Méliès) et quelques autres. Pour les accompagner, nous organisons une battle de pianistes improvisateurs.
La deuxième partie commencera à 22h et proposera un long métrage, Le dernier des Mohicans, magnifique adaptation du célèbre roman de Fenimore Cooper par Clarence Brown et Maurice Tourneur, mise en musique par un duo piano-violoncelle.
Enfin, à partir de 23h30, la troisième partie sera émaillée de numéros de music-hall avec entre autres la grande Joséphine Baker, accompagnés par une chanteuse lyrique. En contrepoint, quelques films bizarres qui seront l’occasion de découvrir l’immense et délirant Charley Bowers.
Tout ça pour 18 euros (15 euros pour les moins de 18 ans).
Et c’est au Balzac, nulle part ailleurs !
>>> En savoir +
20h PIANO PARTY
Un florilège de films sur le thème de la musique avec battle de pianistes improvisateurs, contraintes et défis amusants, participation du public… Avec toutes les grandes stars du cinéma muet, de Laurel et Hardy (Ton cor est à toi) à Charlot (Tango Tangles) en passant par Buster Keaton (The PlayHouse) ou Georges Méliès (Le Compositeur toqué, Le Maestro domi-sol-do) sans oublier quelques étrangetés (Arthème avale sa clarinette, Symphonie bizarre, Premier prix de violoncelle, Fiddlesticks...). Avec les pianistes Cyrille Lehn, Michaël Ertzscheid, Grégoire Letouvet et Pierre Cussac à l’accordéon. Et dans le rôle de Madame Loyal : Marlène Goulard !
22h LE GRAND FILM
Le plat de résistance de la soirée ! Une magnifique version du Dernier des Mohicans, adaptation du célèbre roman de Fenimore Cooper réalisée en 1920 par Clarence Brown et Maurice Tourneur qui nous emporte en Nouvelle-France à la fin du 18e siècle, pendant le conflit qui oppose Anglais (auxquels sont alliés les Mohicans) et Français (qu’ont rejoints les Hurons). Le film sera accompagné par un duo de musiciens : Fabien Touchard (piano) et Myrtille Hetzel (violoncelle).
23h30 CABARET BIZARRE
Cette dernière partie de soirée, présentée par Marlène Goulard, sera émaillée de numéros de music-hall filmés aux Folies-Bergère et extraits du film La Revue des revues, avec la grande Josephine Baker. La bande son «live» sera assurée par Fabien Touchard (piano) et Anaïs Bertrand (chanteuse mezzo). En contrepoint, quelques films improbables : deux Charley Bowers, Cartoon Factory, de Max Fleischer et... The Fresh Lobster. Ces films seront accompagnés par Pierre Cussac, Fabien Touchard, Guy-Loup Boisneau (percussions) et Grégoire Letouvet (claviers). Avec un zest d’électro !
Direction artistique : Fabien Touchard
Présentation et animation : Marlène Goulard
Remerciements à Lobster Films
Tarif normal : 18 €
Moins de 26 ans : 15 €
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Dimanche 25 octobre à 11h
Steamboat Bill Junior, de Buster Keaton et Charles Reisner (Etats-Unis, 1928)
Avec Buster Keaton, Tom McGuire, Tom Lewis, Marion Byron…
Le jeune William Canfield, de retour de la ville où il a fait ses études, retrouve son père marinier sur le Mississippi. Celui-ci possède un vieux rafiot, le Steamboat Bill. William tombe amoureux de Kitty, la fille du riche propriétaire de la compagnie de navigation concurrente, au grand désespoir de son père.
Le film sera accompagné à la batterie et aux percussions par Aidje Tafial
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Composition musicale pour l'image : masterclass du Festival d'Aubagne |






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Lundi 14 décembre à 19h30
Le Festival International du Film d'Aubagne, avec le concours de la SACEM , a organisé pour la douzième année consécutive une masterclass de composition musicale pour l’image. Cette année, la masterclass était dirigée par le compositeur Marc Marder. Elle s'est déroulée du 11 au 21 mars avec 10 jeunes compositeurs. Il s'agit d’exercices de composition musicale sur des extraits de films cultes. L’objectif étant de fournir un travail achevé à l’occasion de la soirée de clôture du Festival et d’offrir une représentation publique sous forme de ciné-concert orchestré par Marc Marder.
Retrouvez à Paris, au Balzac, ce ciné-concert exceptionnel !
>>> En savoir +
LES FILMS PROGRAMMES
Behind the Screen
Charlie Chaplin
France - 1916 - 23’ - Fiction
Charlie est un manœuvre surmené travaillant dans un studio, il aide une jeune femme à trouver du travail alors que ses collègues font une grève contre leur patron tyrannique.
BUG VAUDEVILLE
Winsor McCay
Etats-Unis - 1921 - 11’ - Animation
Après un énorme repas, un clochard s'endort et visualise un long programme avec tout un tas d'insecte qui font des cascades acrobatiques.
L'ARLESIENNE
Albert Capellani
France - 1908 - 8’ - Fiction
Frédéric, se rendant à la corrida, rencontre une très belle jeune fille dont il tombe aussitôt amoureux, oubliant sa douce fiancée.
Scénario Albert Capellani Interprètes Jeanne Grumbach, Melles Bouquet de Bertyl, Jean Marié de L’Isle, Henri Desfontaines.
LES MUSICIENS
Léonard Desarthes : Guitare, clavier, voix
Olivier Rabet : Violon
Valentin Simonelli : Piano, orgue, violon, clavecin
Anne De Boysson : Piano, flûte
Cyril Peron : Guitare, basse, clavier
Guillaume St-Laurent : Piano
Julien Bellanger : Cornet à pistons, guitare, basse
Deborah Bombard-Golicki : Violoncelle, guitare, basse, voix
Franziska Henke : Guitare
Vera Nikitine : Piano, orgue
Thomas Chabalier : Piano, vibraphone, percussions
Hugo Sallez : Guitare
LE MOT DE MARC MARDER
Quel drôle de métier que celui d'un compositeur de film. Un métier qui n'existait pas il y a cent ans. A l'aube du cinéma, la musique avait pour fonction de couvrir le bruit du projecteur ou de rassurer le public : Ce n'était pas des fantômes qui défilaient sur l'écran.
Camille Saint-Saens a composé la première vraie partition pour un court-métrage en 1907, L'Assassinat du Duc de Guise. On se demande comment il a fait avec les moyens techniques de l'époque ! A présent, malgré toutes les contraintes du métier - budgets, manque de temps, compromis avec les producteurs, les réalisateurs, les distributeurs, etc. – c'est la seule niche du monde musical dans laquelle on peut terminer sa composition un jour, la faire enregistrer par un orchestre symphonique le lendemain et la sortir pour être entendue par des millions de personnes la semaine suivante ! C'est aussi un monde de liberté compositionnelle totale. Les styles peuvent varier entre le chant Grégorien, la post-Webern, le jazz moderne ou la combinaison des trois. Tout est possible si le résultat fonctionne avec l'image, amène profondeur et émotion musicale, contribue à la magie du cinéma. C'est actuellement l'endroit le plus privilégié et éclectique du monde de l'expérimentation musicale et je suis honoré d'avoir été sollicité pour gérer ce Master Class d'Aubagne dédiée à cette merveilleuse forme d'art.
Cette semaine les compositeurs vont composer, interpréter et diriger en direct leur musique pour les films muets proposés, ce qui est au moins l'équivalent d'acrobaties sur une corde raide et sans filet ! Bonne chance à tous et que le bonheur commence!
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Mardi 26 janvier à 20h30
C’est au poète voyageur Nicolas Bouvier qu’Yves Dormoy rend hommage dans ce spectacle porté par L’Usage du monde (1963). De Marseille au Yunnan en passant par l'Iran, les collections de films du Centre National du Cinéma ont livré des images remarquables d'expéditions du début du XXe siècle, scénographiées dans une invitation au voyage, visuel, musical et littéraire.
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Un programme de films conservés et restaurés par le Centre National du Cinéma :
Routes du Ciel, de Jacques Berr et Marcel Paulis, 1934
Au-dessus de la Côte d'Azur, réalisation inconnue, 1928
Marseille Saïgon, réalisation inconnue, 1933
Visions d'Orient de Charles d'Espinay, 1945
Grass, de M. C. Cooper et E. B. Schoeddsack, 1925
La Voie française du Yunnan, de René Tomasset, 1939
Les artistes
Yves Dormoy, conception, réalisation, clarinettes
Antoine Berjeaut, trompette, clavier
Andi Pupato, percussions
Christian Izard, narrateur
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Dimanche 31 janvier à 11h
Le film le plus célèbre avec Harold Lloyd sera accompagné en direct par les cinq musiciens du groupe l'Attirail.
Au départ, l'Attirail, c'est un groupe de musique né de la rencontre en 1994 de Jean-Stéphane Brosse, accordéoniste et Xavier Demerliac, guitariste. Ensemble, ils inventent une musique acoustique à l'imaginaire sans frontières, aux influences multiples, de Nino Rota à Ennio Morricone en passant par Les Négresses vertes et bien d'autres …Ils sont surtout un des groupes pionniers dans le mélange musical Est-Ouest.
Rapidement, ils croisent le cinéma quand Patrice Leconte utilise leur musique pour La Fille sur Le Pont. En 1998, Emilie Deleuze leur propose de composer la musique de son premier long métrage. Fin 99, leur album Cinéma ambulant sort chez Naïve et en 2000, ils font l'Olympia avec Emir Kusturica and the No Smoking Orchestra. Depuis décembre 2008, l'Attirail se consacre exclusivement aux Ciné-concerts. Le film Safety Last est leur premier opus.
Film muet américain de 1923 avec Harold Lloyd, Safety Last, «Monte là-dessus» en français, met en scène le jeune Harold arrivé à Los Angeles pour faire fortune. Vendeur dans un grand magasin, il fait croire à sa fiancée qu'il en est le patron. De projets fous en catastrophes successives, le jeune homme se retrouve dans une situation inextricable et burlesque. Cascades et gags se succèdent aux sons d'une musique tantôt construite tantôt plus improvisée, qui redonne une nouvelle modernité au film.
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Dimanche 17 avril à 11h
Le Monde perdu, un film de Harry Hoyt (1925, 108') d'après Conan Doyle.
Le film était accompagné par Karol Beffa.
Une expédition dirigée par le professeur Challenger quitte Londres pour le Brésil, dans le but de retrouver le Monde perdu, mentionné dans le journal de l'explorateur disparu Maple White. Cette expédition se compose du professeur Summerlee, de Sir John Roxton du reporter Edward Malone et de Paula, la propre fille du professeur Maple White. Les voyageurs finissent par atteindre un mystérieux plateau dans la jungle amazonienne. Un spectacle fantastique s'offre à leurs yeux : cette contrée inconnue est demeurée comme aux premiers âges du monde, peuplée de dinosaures…
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Le Monde perdu (The Lost World) est un film américain de Harry O. Hoyt réalisé en 1925, adapté du livre de Arthur Conan Doyle (Le Monde perdu), et dont les acteurs principaux sont Wallace Beery et Bessie Love.
Signé par un cinéaste demeuré obscur, premier grand thriller à monstres, Le Monde perdu constitue un brouillon du célèbre mais plus tardif King Kong : tout comme Challenger rapporte un brontosaure à Londres, Karl Denham ramènera Kong à New York. De plus, les effets spéciaux tiennent dans les deux films un rôle important, et à chaque fois, ce sera Willis O’Brien qui s'en occupera.
Le tournage nécessita l'utilisation de quelque cinquante modèles réduits de dinosaures, construits en un peu plus d'un an par le Mexicain Marcel Delgado. Ces figurines étaient constituées d’une armature d’acier, recouvertes d'éponge et de peau de bête en caoutchouc. Certains animaux possédaient un appareil respiratoire fabriqué à l'aide d'une vessie de ballon de football.
En ce qui concerne les mouvements des animaux préhistoriques, chaque minute de projection nécessita 960 images représentant autant de mouvements légèrement différents d’une ou de plusieurs figurines, un travail de patience qui demanda quatorze mois. Il fallait ensuite tourner les séquences avec les acteurs réels afin de les superposer à l'action déjà enregistrée, par la technique de l'animation image par image.
A propos de Harry O. Hoyt
Durant la période du cinéma muet, de 1915 à 1928, Harry O. Hoyt réalise vingt-deux films américains, le plus connu étant Le Monde perdu, sorti en 1925, avec Wallace Beery et Bessie Love.
Après le passage au parlant, il est le réalisateur (conjointement avec Albert H. Kelley) du film d'aventure Jungle Bride, sorti en 1933, avec Anita Page et Charles Starrett. Ultérieurement, il réalise encore cinq courts métrages en Technicolor, produits par la Warner et sortis entre 1947 et 1951.
Par ailleurs, comme scénariste ou adaptateur ou auteur de l'histoire originale, Harry O. Hoyt contribue à quatre-vingt-un films américains (certains réalisés par lui), de 1913 à 1948.
Il est le frère de l'acteur Arthur Hoyt (1874-1953), lequel apparaît dans deux de ses films muets, le western Sundown (1924 — coréalisé par Lawrence Trimble —, avec Bessie Love et Hobart Bosworth), puis Le Monde perdu pré-cité.
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La sixième partie du monde |

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Jeudi 19 mai 2016 à 20h30
USSR 1926
La Sixième partie du monde, de Dziga Vertov (1926, 74’)
Utilisant un style proche du documentaire, le film montre la diversité des peuples soviétiques dans les régions reculées d'URSS, ainsi que la richesse du territoire soviétique. Dans une interview donnée au Kino Magazine en août 1926, Vertov explique ses intentions : « La Sixième Partie du monde est plus qu'un simple film, plus que ce que l'on désigne habituellement par le terme de "film". La Sixième Partie du monde se situe au-delà des bornes du film d'actualités, de la comédie, ou du film d'artiste à succès ; c'est déjà l'étape suivante du concept de "cinéma". Notre slogan est le suivant : tous les citoyens de l'Union des républiques socialistes soviétiques âgés de 10 à 100 ans doivent voir cette œuvre. »
Accompagnement live avec le groupe We Stood Like Kings (album USSR 1926)
Judith Hoorens (piano, synthétiseur)
Philip Bolten (guitare électrique)
Colin Delloye (basse)
Mathieu Waterkeyn (batterie)
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Dimanche 5 juin 2016 à 11h
Le Pirate noir, un film d'Albert Parker (1926, 94') avec Douglas Fairbanks.
Le film sera accompagné par Xavier Busatto.
Un jeune homme veut venger son père, tué par une bande de pirates. Il s'infiltre donc dans l'équipage et se fait passer pour l'un des leurs. Il participe à l'attaque d'un navire mais les choses se compliquent quand il veut sauver une jeune fille d'un viol.
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Le Pirate noir (The Black Pirate) est un film américain d'Albert Parker, sorti en 1926, avec Douglas Fairbanks, Billie Dove, Tempe Pigott, Donald Crisp
Le pirate noir reste dans l’histoire du cinéma comme le premier long métrage tourné entièrement en Technicolor. Alors au sommet de sa gloire, Douglas Fairbanks a mis d’énormes moyens pour produire ce projet dont il écrivit lui-même le scénario (sous le pseudonyme d’Elton Thomas). L’histoire est celle d’un duc qui, pour venger son père tué par les pirates, prend la tête de la bande pour mieux les livrer à la justice. Cette histoire permet d’utiliser les formidables qualités acrobatiques de Douglas Fairbanks, l’acteur le plus athlétique avec Buster Keaton du cinéma muet (et même de toute l’histoire du cinéma). Certaines cascades sont époustouflantes, notamment quand il prend un navire d’assaut à lui tout seul. Le Pirate Noir est "Le" film du Douglas Fairbanks légendaire, bondissant, plein d’ardeur, de charme et d’optimisme, qui accomplit des prouesses qui nous soulèvent le coeur. Ce qu'il fait ici est unique dans l'histoire du cinéma. Les couleurs sont assez belles, à part dans quelques passages qui ont moins bien vieilli où les teintes brun-rouges dominent. Le Pirate Noir est surtout un grand spectacle, le scénario en lui-même est assez simple et se déroule dans peu de lieux. Le côté animal du comportement des pirates est bien rendu, que ce soit dans leurs actes ou dans leur multitude grouillante. Grâce à ses qualités spectaculaires, le film rencontra un grand succès. United Artists sortit également une copie en noir et blanc qui fut longtemps la seule visible. Ce n’est qu’en 1975 que la version couleur, restaurée, fut à nouveau visible. Le Pirate Noir est un film qu'il faut voir en couleurs. (source : blog L'oeil sur l'écran)
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Dimanche 19 juin 2016 à 20h30
Carmen, un film réalisé par Ernst Lubitsch (1918, noir et blanc), avec Pola Negri, Harry Liedtke, 80 minutes, accompagné au piano par Pierre-Alain Volondat.
Avec Carmen, Lubitsch offrit en 1918 à Berlin un de ses premiers grands rôles à Pola Negri, alors âgée de 21 ans, et qui rejoua ensuite souvent dans ses films. Joyeuse, sensuelle et juvénile, sa Carmen sait le prix du sexe, lié aussi pour elle et ses amies cigarières à l’argent et à la mort. S’il sait utiliser les dons exceptionnels de Pola Negri pour créer un personnage féminin d’une frappante modernité, Lubitsch montre en permanence son talent pour intégrer la dimension humaine dans les scènes de foule comme dans les scènes intimistes. Pierre-Alain Volondat, un des plus grands pianistes français, interprète magistral de Schumann, Brahms ou Liszt, accompagnera ce beau film en nous donnant sa vision de l’incomparable musique de Bizet.
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Pierre-Alain Volondat fut célèbre du jour au lendemain après son premier prix au Concours Reine-Elisabeth, remporté à 20 ans en 1984. On fut fasciné dans toute l'Europe par ses manières lunaires et son jeu fantasque, qui mêlait poésie, brio et le brin de folie qu'ont en partage ceux qui jouent en extase, possédés par l'esprit invisible des compositeurs. Imprévisible et incapable de toute "carrière" planifiée par le rythme des avions et du commerce de la musique, Pierre-Alain Volondat donne ses concerts au rythme de ses envies et des occasions de faire quelque chose de nouveau. Pour la première fois de sa vie, il va accompagner un film muet, suivant au plus près la version pour piano écrite par Bizet lui-même.
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Dimanche 15 janvier 2017 à 11h
Cinq pépites du cinéma d’animation russe présentées et accompagnées d’une création musicale alliant extraits d’oeuvres de Rachmaninov, compositions originales et thèmes populaires.
Un spectacle conçu et interprété en ciné-concert par le violoniste Dimitri Artemenko et le pianiste Vadim Sher.
Patineurs, loup, papillons, lapin facétieux, ficelles, bouts de tissu et ciseaux… se croisent dans ces films d’animation inspirés et inventifs imprégnés d’instants touchants d’amour maternel, d’amitié, de respect de la nature, de solidarité…
Datant des années 70-80, époque de leur enfance russe soviétique, les films sont présentés par les musiciens Vadim et Dimitri qui les émaillent de brefs récits empreints d’humour, d’ironie et de fantaisie.
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Les films :
Le papillon, de Andreï KHRJANOVSKI, 1972
La patinoire, de Youri JELIABOUJINSKI, 1927
Le jeu, d’Irina GOURVITCH, 1985
La Maman, de Roman KATCHANOV, 1972
Attends un peu ! n°6, Au village, de Viatcheslav KOTIONOTCHKINE, 1973
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Mercredi 8 mars 2017 à 20h30
La Grève, de Serguei Eisenstein (1925, 78’)
Dans la Russie tsariste de 1912, la révolte gronde au sein d’une des plus grandes usines du pays. Poussés à bout par des conditions de travail exécrables, les ouvriers ne tardent pas à faire valoir leurs droits en brandissant la menace de la grève… Le premier film d’Eiseinstein.
ACCOMPAGNEMENT MUSICAL : Vadim Sher (piano, accordéon) et Alvaro Bello-Bodenhöfer (guitare).
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Jeudi 27 avril 2017 à 20h30
Faust, de F. W. Murnau (1926, 106’)
Faust accepte de signer un pacte avec le Diable pour sauver son village de la peste-: il retrouvera sa jeunesse en échange de son âme. Dernier film allemand de Murnau, Faust mêle des influences picturales précises et les grands thèmes du romantisme allemand.
ACCOMPAGNEMENT MUSICAL : Ensemble La Falaise
Sara Wolstenholme (violon), François Miquel (composition, clarinette), Marie Bitlloch (violoncelle), Jean-Sébastien Dureau (piano), Guy-Loup Boisneau (percussions)
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Broadway Projet (invité spécial Buster Keaton) |


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Mardi 6 février 2018 à 20h30
Une soirée électrisante pour tout public, avec le SaxBack Ensemble ! Un programme éclectique et jazzy, avec ou sans images :
Extraits de L’Opéra de quat’sous, de Kurt Weill
(Ouverture, Ballade Mac the Knife, Tango Ballad, Chanson des Canons)
Ciné concert
La Maison électrique, de Buster Keaton (1922)
Arrangement Paul Dujoncquoy
Extraits de West Side Story, de Leonard Bernstein
(Medley, arrangement Gabriel Philippot)
Ciné concert
La Voisine de Malec, de Buster Keaton (1920)
Arrangement Gabriel Philippot
Suite n°1, de Dimitri Chostakovitch
Arrangement Renaud Escriva
Avec le SaxBack Ensemble
Hélène Escriva, euphonium
Nicolas Arsenijevic, saxophone
Antonin Pommel, saxophone
Paul Lamarque, saxophone
Juliette Adam, clarinette
Joséphine Besançon, clarinette
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Ciné-concert L'île animée |

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Vendredi 19 octobre 2018 à 20h30
Le dernier ciné-concert de L'île animée
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La programmation sera accompagnée par un orchestre de 31 musiciens talentueux, dirigés par Daniel Sicard et Victor Rouanet. La projection durera 1h, les équipes et les musiciens seront présents et disponibles pour discuter avec vous à la fin de la projection.
Au programme :
► JEU DE SOCIÉTÉ - Les Parasites
Compositeur - Edouard Joguet
► PARIS EST NOIRE - Robin Deriaud (Ecole de la Cité)
Compositrice - Christelle Raquillet
► SUNLIGHT - Anatole Levilain-Clément (Ecole de la Cité)
Compositeur - Daniel Sicard
► LA BOUGIE - Les Uns des Six (Solal Moisan & Daniel Sicard)
Compositeur - Daniel Sicard
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Ciné-concert : Le Grupetto joue THE BOAT |

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Mardi 27 novembre 2018 à 20h
Les musiciens "made in Switzerland" du Grupetto joueront sur THE BOAT de Buster Keaton.
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Les Genevois Stéphane Métraux (sax ténor), Yves Cerf (sax basse), Maël Godinat (piano) et Sylvain Fournier (batterie) se jouent de grooves facétieux, de partitions postmonkiennes et d’atmosphères oniriques où la science du contrepoint écrit ou improvisé délivre une musique admirablement collective et foncièrement féerique.
Le ciné-concert de 30 minutes sera suivi par un concert jazz de 40 minutes.
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